Nourri de rencontres avec le monde taurin – matadors, aficionados, élèves, éleveurs… -, lors de férias, à Nîmes, Arles ou Béziers, le spectacle de Jean-Baptiste Tur prend véritablement ancrage dans son enfance, au pays des garrigues occitanes. Quand une question majeure du théâtre – le spectacle de la mort – se teinte de couleurs intimes…
Sur les traces d’un père torero – celui du comédien David Ayala -, il s’agit ici de puiser au cœur de la tauromachie ce qu’elle attise de plus ambigu, un certain sentiment d’attraction / répulsion, pour en faire à la fois une matière et un ressort d’un des grands enjeux de l’art théâtral : la mise en scène de la mort. Quel est le sens d’en faire un spectacle, une fête ? Rituel rassurant, transe, exorcisme, transfert, ou tentative d’affronter sa propre mort à venir ?
Entre récit, autofiction et documentaire, entre présent, passé et esquisses d’avenir, par petites touches poétiques, l’acteur et deux musiciens multi-instrumentistes entrent en dialogue avec les images filmées lors de ce voyage initiatique dans l’univers du père disparu. Tel un journal intime projeté sur écran, navigant entre différents cadres spatio-temporels, De lumière s’appuie sur une histoire personnelle pour sonder nos rapports aux tabous, à la mort, à la passion, à la domination, à la culture, à la tradition, à l’appartenance à un territoire et à la construction de la personnalité.
De lumière de Azilys Tanneau • Jean-Baptiste Tur Avec : David Ayala et les musiciens Thomas Delpérié et Pierre Borel À l’image : Laura Domenge et Tomas Cerqueira, Nino Julian, Pablo Juliano, Fanny Lombardo, Carlos Olsina, Christian Parejo, Swan Soto et Tomas Ubeda Avec la participation d’une fanfare
Création Le Grand Cerf Bleu Conception : Jean-Baptiste Tur Texte : Azilys Tanneau Mise en scène : Jean-Baptiste Tur Assistant à la mise en scène : Joris Rodriguez Scénographie : Cécile Marc Création lumière : Jimmy Boury Création son : Jules Tremoy Création vidéo : Marine Cerles Images : Clément Delpérié et Mathis Rodriguez Costumes : Cathy Sardi Direction de production et de développement : Nathalie Carcenac Administration : Marie-Pierre Jean
Production : Le Grand Cerf Bleu Coproduction : Le Cratère scène nationale d’Alès Soutiens et accueils en résidence de création : Le Cratère scène nationale d’Alès ; Scène de Bayssan – Hérault Culture ; La Maison de L’Eau CDC – Allègre-Les-Fumades Aide à la résidence : Théâtre des franciscains à Béziers
Avec le soutien et la collaboration des Écoles taurines d’Arles, de Nîmes et de Béziers
Jean-Baptiste et Gabriel Tur sont artistes résidents au CENTQUATRE à Paris. La compagnie est accompagnée par la Scène de Bayssan Hérault Culture. La création DE LUMIÈRE a obtenu l’aide à la production de la DRAC Occitanie, l’aide au Compagnonnage auteur.trice du Ministère de la Culture DGCA. La création a obtenu l’Aide à la production de La Région Occitanie. Avec le soutien du fonds d’insertion professionnelle de l’Ecole supérieure de théâtre de l’Union financé par la DRAC Nouvelle-Aquitaine et la Région Nouvelle-Aquitaine.
La compagnie Le Grand Cerf Bleu est soutenue par Le Ministère de La Culture-DGCA pour le programme d’aide à la création mutualisée en musiques actuelles, La Drac Occitanie, La Région Occitanie, Le Département de l’Hérault. Elle bénéficie des crédits Politique de la Ville pour l’ensemble des actions en direction des publics à Béziers.
du 6 au 8 juin 2025 Hangar Théâtre – Studio 1 Printemps des Comédiens, Montpellier
Avec ce dernier volet d’une trilogie débutée en 2018, Davi Pontes et Wallace Ferreira poursuivent leur exploration de la danse comme moyen de résistance au racisme et à la stigmatisation de corps désignés comme non conformes. Mobilisant des techniques libres, ils proposent une chorégraphie d’autodéfense pour montrer et faire face à la violence. Ainsi s’active en mouvement et avec puissance une réflexion critique sur les cadres coloniaux, raciaux et cis-hétéro-patriarcaux inhérents à la pensée occidentale.
Repertório N.3 Concept et performance Davi Pontes, Wallace Ferreira Administration et distribution Something Great
Co-productions 35th São Paulo Biennial – choreographies of the impossible, Arsenic – Centre d’art scénique contemporain. Résidence Festival ImPulsTanz – Vienna International Dance Festival, Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne, tanzhaus nrw, Kondenz festival, La Becque Programmation dans le cadre du Pavillon Jardin Atlantique imaginé par Calixto Neto, La Commune CDN et les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
6 juin 2025 La Commune – CDN • Aubervilliers La représentation sera suivie d’un DJ set. Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
Ce solo radical, imaginé par Luiz de Abreu et transmis à Calixto Neto comme on passe un flambeau, traite la question décoloniale et les rapports de domination hérités de l’esclavage. Déconstruisant des stéréotypes de la culture brésilienne, le corps nu et noir dansant passe de corps-objet à corps-sujet, tournant en dérision avec malice les projections identitaires qui l’assignent à un imaginaire non choisi. Et la grâce qui surgit devient la plus efficace des subversions. La représentation est suivie de Règle et compas, le film réalisé par Calixto Neto qui raconte l’émouvante passation de ce solo.
O samba do Crioulo Doido Conception, direction, chorégraphie, scénographie, costumes, production Luiz de Abreu Interprète Calixto Neto Collaboration artistique Jackeline Elesbão, Pedro Ivo Santos, Fabrícia Martins Création lumière Luiz de Abreu, Alessandra Domingues Régisseur général Emmanuel Gary Bande son Luiz de Abreu, Teo Ponciano Production et diffusion Julie Le Gall Assistant de production Michael Summers
Production déléguée VOA Coproduction Centre chorégraphique national d’Orléans, Charleroi danse, Teatro Municipal do Porto. Résidences de reprise à Casa Charriot, Espaço Xisto Bahia, Casa Rosada.
scénario et réalisation Calixto Neto avec Luiz de Abreu, Calixto Neto, Jackeline Elesbão, Pedro Ivo Santos et Fabrícia Martins caméra Calixto Neto et Anderson Feliciano montage Calixto Neto, Virginie Aubry et Étienne Aussel soutien Centre National de la Danse et Festival Panorama tourné à Salvador, Brazil et Pantin, France, en 2020
Programmation dans le cadre du Pavillon Jardin Atlantique imaginé par Calixto Neto, La Commune CDN et les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
Avertissement : ce spectacle comporte de la nudité. La représentation du 7 juin sera suivie d’un bord plateau avec Anne Lafont, historienne de l’art et directrice d’études à l’EHESS.
6 et 7 juin 2025 La Commune – CDN • Aubervilliers Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
L’expression jamaïcaine « Batty Bwoy » (littéralement : garçon cul) est un terme argotique discriminatoire désignant une personne queer. En se réappropriant ces mythes d’un corps pervers et déviant, Harald Beharie détourne et transforme ces figures pour mieux les attaquer et les embrasser. Ce solo est le surgissement d’un être ambivalent, à la fois, vulnérable, puissant et joyeux.
Batty Bwoy Chorégraphe, performance Harald Beharie Collaboration artistique / sculpture Karoline Bakken Lund and Veronica Bruce Composer Ring van Möbius Sound designer Jassem Hindi Regard extérieur Hooman Sharifi, Inés Belli
Avec le soutien de Kulturrådet, Fond for lyd og bilde, FFUK, Sandnes Municipality, Oslo Municipality and TOU. Coproduction Dansens Hus, Oslo and RAS, Sandnes Production Mariana Suikkanen Gomes Distribution Damien Valette Remerciements Tobias Leira, Ingeborg Staxrud Olerud, Torbjørn Kolbeinsen and Phillip McLeod. Programmation dans le cadre du Pavillon Jardin Atlantique imaginé par Calixto Neto, La Commune CDN et les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
Durée 1h15
7 juin 2025 La Commune – CDN • Aubervilliers Avertissement : ce spectacle comporte de la nudité. Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
Il l’a appelé Jardin Atlantique – Jardim Atlantico – du nom du quartier où il a grandi, dans la banlieue d’Olinda, à côté de Recife.
C’est un jardin luxuriant où films, sorties de résidence, bal moderne et exposition réunissant des artistes amis résonnent autour des spectacles : deux des siens et ceux d’Harald Beharie et du duo Davi Pontes & Wallace Ferreira.
C’est un jardin des rencontres entre les esthétiques, les désirs et les luttes, puissant et vif comme l’Atlantique reliant Amérique, Afrique et Europe. Un jardin ouvert aux artistes périphériques, aux identités queer, aux migrantes et migrants, aux artistes racisés, à toutes les générations et à tous les corps qui composent notre tissu social. C’est un jardin politique où le corps s’affranchit des assignations pour questionner notamment l’héritage de l’esclavage et les rapports de domination, pour déconstruire les représentations caricaturales. Un jardin de la beauté, libre.
Le Pavillon danse Calixto Neto est coréalisé avec les Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis, et avec le soutien de l’Onda (Office National de Diffusion Artistique), du festival de danse brésilien Panorama, du 19M/Chanel, du CCN de Caen et avec la collaboration du cinéma Le Studio.
Venu du Brésil après six ans au sein de la compagnie de Lia Rodrigues, Calixto s’est installé en France en 2013 pour suivre le master ex.e.r.ce, du Centre Chorégraphique de Montpellier, sous la direction de Mathilde Monnier.
Depuis son arrivée en France, Calixto développe de nombreuses collaborations avec des chorégraphes et des artistes visuels, travaillant comme interprète. Parallèlement, il développe sa pratique chorégraphique, qui se concrétise dans des spectacles, des écrits, des films, des partages pédagogiques et des rencontres artistiques multiformes.
Calixto s’intéresse, depuis le début de son parcours de créateur, aux discours et pratiques artistiques produits par des acteurs issus de groupes minoritaires, dissidents, périphériques. Des discours qui interrogent l’état actuel de la société, ainsi que les origines de cet état de choses.
En 2021, Calixto Neto souhaite mettre en place sa propre structure afin de porter en production déléguée ses différents projets et de permettre le développement du travail initié depuis déjà quelques années de manière autonome. Il s’associe donc à la productrice Julie Le Gall pour développer ce travail en stricte complicité.
La compagnie VOA est associée pour Points communs, Nouvelle scène nationale Cergy-Pontoise / Val d’Oise pour la période 2024-2026 et est soutenue à la structuration par la DRAC Ile-de-France.
Avec Marie Molliens, on ne sait jamais trop sur quel fil danser. Virtuose du geste, virtuose sur son fil, elle l’est, certes. Mais sous la pure performance circassienne se déploie un monde dont on n’est pas sûr qu’il ne soit pas franchement inquiétant. Comme si la funambule dansait au-dessus de gouffres prêts à l’engloutir. Peut-être cette ambivalence n’a-elle jamais été aussi évidente que dans ce spectacle.
Dans une quête initiatique, où impertinence, apprentissage, et état de grâce, servent de fondement à une résurrection, se croisent un Guignol-acrobate, un clown déchu et des Pinocchios en métamorphose, pour célébrer la désobéissance, le risque et la liberté.
Rien n’est tout à fait comme on le croit de prime abord, dans ce conte incarné par une dizaine d’artistes de la piste. Un conte en clair-obscur. Et pourtant, pour rester dans le paradoxe Molliens, extraordinairement brillant.
Hourvari de Marie Molliens Avec : Robin Auneau, Eve Bigel, Camille Judic, Niels Mertens, Marie Molliens, Achille et Orphée Molliens, Tiemen Praats, Joséphine Terme, Seppe Van Looveren, Claire Mevel et Benoit Segui
Ecriture, mise en scène, lumière : Marie Molliens Regard chorégraphique : Milan Herich Assistants à la mise en scène : Robin Auneau et Fanny Molliens Intervenants artistique : Aline Reviriaud, Sarah Anstett et Jacques Allaire Création costumes : Solenne Capmas Création sonore : Fabrice Laureau et Grégory Adoir Assistant création lumière : Théau Meyer Création masques : Camille Judic et Thaïs Paquet Contributeur en cirque d’audace : Guy Perilhou Chargé de production : Robin Bellanger Administratrice : Mélanie Delage Régisseurs : Théau Meyer et Gregory Adoir Construction : Agatha Rose et Gaëtan Dubriont
La Compagnie Rasposo est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la communication / DRAC Bourgogne-Franche-Comté et par le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté.
Coproduction et soutiens en résidence : Le PALC, PNC Grand-Est / Châlons-en-Champagne ; Le Sirque, PNC Nexon Région Nouvelle Aquitaine ; Theater op de Markt – Dommelhof, Belgique ; L’Espace des Arts, Scène Nationale Chalon-sur-Saône ; Mirabilia International Circus – Festival Mirabilia, Italie Coproductions : Circa, PNC, Auch ; Archaos, PNC-BIAC, Marseille ; La Maison, Scène conventionnée, Nevers ; L’Azimut, PNC en Ile-de-France, Anthony/Château-Malabry ; Le Plongeoir, PNC Pays de Loire, Le Mans ; Le Carré Magique, PNC Lannion-Trégor, Lannion ; Le Parvis, Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, Ibos ; L’Archipel, Scène Nationale, Perpignan ; Espace Jeliote, Centre National de la Marionnette, Oloron Sainte-Marie ; L’onde Théâtre Centre d’Art, Scène Conventionnée, Velézy-Villacoublay ; Le Prato, Théâtre International de Quartier, PNC Lille Avec le soutien : Dans le cadre des conventionnements pluri-annuels, le Ministère de la Culture DGCA / DRAC Bourgogne-Franche-Comté et le Conseil Départemental Saône-et-Loire ; Dans le cadre de l’aide à la création : DGCA / DRAC BFC.
Du 30 avril au 2 mai 2025 OBERNAI (67) dans le cadre du festival “Pisteurs d’Etoiles”
Du 7 au 8 mai REIMS (51) – Association TRAC / Jonglissimo en partenariat avec la Ville de Betheny
Du 14 au 15 mai CHARLEVILLE-MEZIERES (08) – Le TCM
Du 7 au 13 juin 2025 Printemps des Comédiens, Montpellier
Du 26 au 28 juin Le Plongeoir, PNC Festival “Le Mans fait son Cirque“
Du 5 au 17 juillet Villeneuve en Scènes
Du 3 au 5 septembre CUNEO (IT) Festival “Bi-Cap Mirabilia“
Du 12 au 21 septembre Coopérative De Rue et De Cirque Village de Cirque
A l’appui d’une connivence artistique établie avec L’Autre Théâtre, Brigitte Négro, accompagnée de Caroline Cano, explore la maturité des présences scéniques pour ouvrir encore plus grand les portes entre les mondes de l’expression et de la compréhension, démultipliant leurs modalités. Quel serait notre mot ultime, notre chant du cygne ?
Après J’habite où je suis, Devant vous et Tout le monde se ressemble, Les Chants du Cygne est la quatrième création de Brigitte Négro avec L’Autre Théâtre présentée par le Printemps des Comédiens, une fidélité étoffée en retour par un public sensible à ce qui grandit sur le plateau et, simultanément, dans la salle.
Le public est invité à assister à un cabaret de résistance.
Dans cette histoire, c’est peut-être la dernière fois que ce cabaret aura le droit d’exister.
Alors c’est maintenant ou jamais. Chacun.e, en solo ou collectivement, exprime sur scène, les mots, les mouvements qui font vibrer leur corps et leurs esprits.
Comme souvent, des artistes complices – ici l’autrice, metteuse en scène et comédienne Caroline Cano, ainsi que les danseur.se.s Julia Leredde et Lorenzo Dallai, le musicien Bertrand Wolff -, sont invités à mêler une dynamique venue d’autres horizons aux propositions issues de la troupe. Fort de ces collaborations inédites et du lien de confiance qui les unit désormais, Brigitte Négro et L’Autre Théâtre franchissent avec Les Chants du Cygne un nouveau seuil dans leur recherche singulière et exigeante d’écoute de l’altérité.
Les Chants du cygne Brigitte Négro • Caroline Canoent
Avec les actrices et acteurs de l’Autre Théâtre : Esther Rodriguez, Loïc Favel, Arthur Brych, Paco Biau-Lamort, Mugler Minaro, Hélen Prié, Louna Biegel, Florent Kremer, Lydie Garboud, Charles Bolatre, Gwen Maïquez, Rémy Leprun, Serge Vidal, Hugo Adams, Matthieu Beaufort, Antoine Po, Jihanne Morghad
Conception artistique et chorégraphique : Brigitte Négro et Caroline Cano
Création lumière et régie : Martine André Création musicale : Bertrand Wolff Création costumes : Sara Laurent Danseurs complices: Lorenzo Dalaïa et Julia Leredde Equipe bénévoles soutien : les animatrices de l’Autre Théâtre ; Fafa Serres, Nicole Doualla, Béa Caperan, Adeline Guilermain Coordination et production : Autre théâtre / Cie Satellite Administration/ coordination : Sophie Albrecht / Cie Satellite
Soutiens et partenaires : ADAGES, Région Occitanie, Mairie de Montpellier, Drac, CMCAS activités sociales de l’énergie, Fondation BP du sud, Crédit Agricole du Languedoc, Fondation Orange, Fondation MMA Solidarité, La Bulle Bleue
durée 1h30
du 7 au 9 juin 2025 La Bulle Bleue 285 rue du Mas de Prunet 34070 Montpellier Printemps des Comédiens
Dans son nouveau film, _les Linceuls_, David Cronenberg travaille certains motifs récurrents à l’ensemble de son oeuvre.Pyramide Distribution
Le réalisateur David Cronenberg revient dans les salles, le 30 avril 2025, avec un nouveau long-métrage, les Linceuls, mettant en scène Diane Kruger et Vincent Cassel. Ce 23ᵉ film se distinguera-t-il du reste de son oeuvre ? Celle-ci est jusqu'ici marquée par un schéma narratif récurrent. Analyse.
Maître de la métamorphose et des dérives corporelles, David Cronenberg a sculpté une œuvre aussi dérangeante qu’influente, redéfinissant les frontières du cinéma d’horreur. Si sa filmographie est largement connue pour sa cohérence thématique et sa diversité esthétique, peu d’auteurs ont pourtant souligné son étonnante homogénéité narrative.
Sur les 22 longs-métrages de David Cronenberg jusqu’ici sortis, 19 partagent une structure quasi identique (les trois autres étant The Brood, Fast Company et le dernier Crimes of The Future). Videodrome (1983) est, dans ce sens, un cas intéressant, car sa structure peut servir d’exemple matriciel à l’ensemble des autres œuvres de Cronenberg.
Videodrome, parfait exemple de la trame commune
Dans Videodrome, nous suivons l’histoire de Max, directeur d’une chaîne pornographique. Il noue une relation avec Nicki, une jeune femme avec qui il expérimente une sexualité nouvelle pour lui. Il découvre par ailleurs une nouvelle émission, Videodrome, qui l’expose à son insu à un signal vidéo capable de transformer son corps. Menant l’enquête sur cette émission et sur ses symptômes, il se retrouve au milieu d’un conflit entre deux groupes : la « nouvelle chair », menée par le professeur O’Blivion et sa fille Bianca ; et Videodrome, mené par Barry Convex et son complice Harlan.
Après de multiples rebondissements et transformations de son corps, Max finit par s’isoler dans une épave où Nicki lui envoie un message pour lui dire qu’il peut accéder à une « nouvelle chair » s’il accepte de se suicider, ce qu’il fait. Le film se conclut ici, mais dans une autre version du scénario, une scène supplémentaire était prévue où Max, Bianca et Nicki se retrouvaient dans le décor du programme Videodrome avec de multiples mutations, pour avoir une relation sexuelle d’un genre nouveau.
Bande-annonce de Videodrome (1983).
En suivant l’idée d’une trame narrative unique à l’origine de tous les films de Cronenberg, chaque œuvre serait alors une variante de cette trame, intégrant soit l’ensemble de ses éléments narratifs, soit seulement une partie. Videodrome présente un intérêt particulier, car il est, selon moi, le film le plus proche de cette trame narrative originelle.
Cette trame raconte l’histoire d’un homme sans enfant, engagé dans une relation de séduction à un moment ou un autre. Il rencontre une figure masculine titulaire d’un savoir sur le corps (souvent un médecin, mais pas toujours). Ce savoir lui est transmis symboliquement par le biais d’un intermédiaire qui peut être un objet, une créature, un savoir, voire une idée. Ce savoir modifie ensuite le corps du héros, littéralement dans le premier tiers de l’œuvre de Cronenberg, ou symboliquement dans les films suivants. À l’aide de son nouveau corps, le héros essaie d’accéder à un stade d’évolution inédit où serait possible un nouveau type de rapport sexuel permettant une fusion totale. La situation tourne inévitablement au vinaigre, entraînant le plus souvent la mort du héros ou, a minima, une fin profondément tragique.
On retrouve cette même structure narrative à l’origine de toutes les histoires de Cronenberg.
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Par exemple, dans Cosmopolis, le personnage d’Eric voit son corps symbolique, incarné par sa voiture, se transformer à partir du moment où un médecin lui diagnostique une prostate asymétrique. Cette imperfection insupportable sur laquelle le médecin refuse d’agir provoque l’effondrement moral et physique du personnage, jusqu’à sa confrontation avec son assassin, qui lui avoue lui aussi avoir une prostate asymétrique. Il rejoint ainsi la catégorie des « frères ennemis », récurrente chez Cronenberg.
La figure archétypique du sachant en tant que père symbolique à la fois positif et négatif, incarnée par les personnages d’O’Blivion et de Convex dans Videodrome, est également particulièrement bien représentée dans Scanners. Dans ce long-métrage de 1981, le médecin qui aide le héros se révèle être le savant fou qui a créé sa maladie. Il est aussi le père du héros et de l’antagoniste principal. On voit ici comment la figure du sachant est dédoublée entre un père protecteur (perçu comme tel par le héros) et un père prédateur (perçu comme tel par le frère ennemi du héros).
Lacan avec Cronenberg
Le psychanalyste Jacques Lacan a proposé plusieurs concepts qui peuvent être utiles pour donner une cohérence à l’œuvre de Cronenberg.
La quête de fusion chez ses personnages peut être rapprochée à « l’impossible du rapport sexuel » chez Lacan. Ce dernier explique qu’il existe une angoisse universelle due à l’impossibilité de fusionner avec l’autre : le rapport mathématique 1+1 ne fait jamais 1. Les transformations corporelles chez Cronenberg sont alors des tentatives pour contourner cet impossible au travers d’un corps nouveau permettant d’accéder à une jouissance totale qui ne serait limitée par aucun impossible.
Un autre concept lacanien peut permettre de mieux appréhender ces mutations : le corpssymbolique. Il s’agit de la partie du corps homogène à un langage dont l’unité est le signifiant. Cronenberg explique par exemple que, dans Videodrome, le pistolet qui fusionne avec la main est la représentation à l’écran d’un jeu de mots : le signifiant « arme de poing » devient unpoing-arme dans le film. Pour Cronenberg, jouer sur les mots revient à jouer sur le corps. David Roche le disait déjà très bien en partant du film Shivers (1975), où il identifiait la créature comme étant elle-même un signifiant surgissant de la bouche.
Si l’on reprend Videodrome avec ces idées, le film raconte l’histoire d’un homme dont le corps symbolique va être transformé par un signifiant incarné dans le film par le « signal Videodrome ». Les transformations vont lui permettre de développer de nouveaux organes sexuels (le signifiant poing-arme est assimilé au signifiant phallus) qui doivent lui permettre de réussir un rapport sexuel au sens de Lacan, et ainsi accéder à la fusion avec ses partenaires.
Mais l’impossible n’est pas montrable et, pour Cronenberg, il semble plus fort de laisser le spectateur face à un écran noir pour le confronter à son propre rapport à l’angoisse. On retrouve la même idée très littéralement à la fin de The Fly (1986), où le personnage tente de physiquement fusionner avec sa femme enceinte, mais échoue in extremis.
Retour de la horde primitive
Si on reste dans le champ de la psychanalyse lacanienne, on peut interpréter la trame narrative commune à une sorte de remake du mythe freudien de la horde primitive. Freud raconte que, à l’origine des temps, il y avait un père qui possédait toutes les femmes, car il possédait un signifiant particulier : le phallus. Les fils du père finirent par en avoir marre. Ils le tuèrent, puis le mangèrent pour s’approprier le phallus. Mais afin que ne se reproduise pas l’hégémonie du père et que chacun se soumette à une loi commune, ils érigèrent une statue en son nom. Lacan revient sur ce mythe en soulignant que, derrière le prétendu pouvoir du père, se trouve surtout la croyance des fils en ce pouvoir.
Cette question de la croyance est prédominante dans les personnages de Cronenberg qui semblent adhérer avec une grande conviction au savoir du père, envers et contre toutes conséquences. Ceux-ci se jettent à corps perdu dans leur quête de fusion jusqu’à des fins systématiquement tragiques.
La seule issue possible pour le héros cronenbergien semble être le renoncement à la fusion et, donc, à la jouissance totale qu’elle pourrait permettre. Mais un seul fera ce choix et évitera ainsi une fin tragique. Il s’agit de Joey/Tom dans A History of Violence (2005) qui fait le choix de renoncer à la toute jouissance de « Joey » jusqu’en s’en laver symboliquement les mains afin de retrouver la vie de « Tom ». On peut noter qu’il est aussi le seul personnage de Cronenberg à avoir des enfants (The Brood (1979) est, pour moi, à part). Cronenberg semble croire que seule la paternité peut concurrencer pour ces personnages le fantasme d’une jouissance totale.
Maxime Parola ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
La fin de l’amour, la mort, le sexe, l’enfance en Indochine, les plages normandes, les bars d’hôtels, le mensonge, la folie… Immersion kaléidoscopique dans l’univers de Duras, le Musée de Gosselin propose une visite virtuelle d’un espace mental, visuel et vivant, parcouru de performances à découvrir isolément ou en continuum. Prodigieusement inventif.
Par ce décloisonnement total et protéiforme du rapport entre scène et salle, c’est encore un vecteur d’appropriation de textes majeurs qu’invente l’artiste passionné de littérature. Dans ce musée nomade et mouvant, Julien Gosselin se fait commissaire d’une exposition jalonnée de performances. Il y réalise donc des choix, en invitant des textes de Marguerite Duras, ses thèmes de prédilection, ses obsessions aussi, parce que plonger dans une œuvre à ses côtés, c’est toujours pénétrer le tissu émotionnel de sa propre lecture, par le prisme d’un agencement de fragments dont il a le secret. Quinze acteurs et actrices du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, éclatants de jeunesse pour porter un langage si peu familier de leur génération, un musicien en live et des chefs-opérateurs caméra au poing donnent ici à entendre ou à voir, assis, debout ou allongé, des extraits de Hiroshima mon amour, L’Homme assis dans le couloir, Savannah Bay, L’Amant, Suzanna Andler, La Maladie de la mort, L’Exposition de la peinture, La Douleur, L’Homme atlantique, etc.
Ouvert dix heures par jour, le Musée Duras accueille les spectateurs pour une durée libre, de deux heures (soit une performance) ou davantage, déambulant parmi des formes performatives, théâtrales, musicales et filmiques. Un barrage contre la pensée unique, à la faveur d’une expérience personnelle.
Musée Duras Mise en scène : Julien Gosselin Avec des élèves de la promotion 2025 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris : Mélodie Adda, Rita Benmannana, Juliette Cahon, Alice Da Luz Gomes, Yanis Doinel, Jules Finn, Violette Grimaud, Atefa Hesari, Jeanne Louis-Calixte, Yoann Thibaut Mathias, Clara Pacini, Louis Pencréac’h, Lucile Rose, Founémoussou Sissoko et la participation de Denis Eyriey et Guillaume Bachelé Dramaturgie : Eddy D’aranjo Vidéo : Pierre Martin Oriol Musique : Guillaume Bachelé et Maxence Vandevelde Lumière : Nicolas Joubert Collaboration à la scénographie : Lisetta Buccellato Costumes : Valérie Montagu Assistante à la mise en scène : Alice de la Bouillerie Régie vidéo : Raphaël Oriol et Baudouin Rencurel Régie son : Julien Feryn et l’équipe de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
Créé le 18 octobre 2024 au Conservatoire national supérieur d’art dramatique-PSL, dans le cadre des Ateliers de 3e année
Production : Odéon-Théâtre de l’Europe, Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Si vous pouviez lécher mon coeur Avec le soutien artistique du Jeune théâtre national
spectacle de 10 heures (5 performances de 2 heures, à voir en continu ou séparément)
du 7 au 9 juin 2025 Printemps des Comédiens – Montpellier
les 21 et 22 juin Wiener Festwochen | Freie Republik Vienne