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« Les Bonnes » en folie de Mathieu Touzé

7 mai 2025 à 05:55
Mathieu Touzé monte Les Bonnes de Jean Genet au Théâtre 14

Photo Christophe Raynaud de Lage

Le co-directeur du Théâtre 14 pousse les feux du huis clos carcéral de Jean Genet où, pour s’extirper de la chape de plomb sociale sous laquelle elles croupissent, Claire et Solange explosent les frontières du réel.

Dans le parcours de Mathieu Touzé, Les Bonnes revêt une dimension particulière. Jusqu’ici, le jeune metteur en scène et co-directeur du Théâtre 14 s’était exclusivement emparé de textes ultra-contemporains. De Fabrice Melquiot (Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit) à Olivia Rosenthal (Que font les rennes après Noël ?, On n’est pas là pour disparaître), en passant par Philippe Besson (Un Garçon d’Italie) et Pascal Rambert (LAC), il semblait cultiver un goût pour les autrices et les auteurs vivants, y compris lorsqu’ils appartiennent à la sphère romanesque. Avec ce qui reste, sans doute, comme la plus célèbre des pièces de Jean Genet, l’artiste paraît donc sortir de sa zone de confort, faire un pas de côté pour tenter de franchir une nouvelle étape et célébrer à sa manière ses dix ans de carrière. Symbolique, ce cap n’en est pas moins périlleux ; d’autant que, sous ses airs de ne pas y toucher, Les Bonnes est une oeuvre retorse, fourbe et piégeuse, sur laquelle, comme Katie Mitchell l’a, à son corps défendant, récemment prouvé, il est aisé de se casser les dents. Heureusement pour lui, Mathieu Touzé a, au contraire, su en détecter les récifs et en apprivoiser les courants pour conduire Claire, Solange et Madame sur des rivages où la frontière entre dure réalité et bouffées délirantes serait plus poreuse que jamais.

Car, à leur manière, Claire et Solange incarnent, d’entrée de jeu et à elles deux, un dégradé de méchanceté. Domestiques au service de Madame, une très grande bourgeoise aux habits clinquants et aux manières détestables, ces deux soeurs passent moins de temps à dépoussiérer le mobilier qu’à singer la maîtresse des lieux qui, à travers leurs regards et, selon leurs dires, passe pour la pire des garces tyranniques. À bien les observer, on comprend vite que le jeu de rôles auquel elles s’adonnent – l’une incarne Madame pendant que l’autre entre dans la peau de sa soeur – s’inverse à qui mieux mieux, qu’elles réalisent grâce à lui leur pulsion inassouvie : tuer Madame, qu’elles ne peuvent plus voir en peinture, ce qui leur permettrait d’empocher, dans la foulée, l’héritage qui, en pareil cas, leur est promis. Passant des paroles aux actes, les bonnes ont déjà mis une partie de leur plan à exécution : encouragée par sa soeur, Claire a écrit à la police une lettre de dénonciation pour mettre l’amant de Madame, qu’elles appellent Monsieur, derrière les barreaux. Alors qu’elles comptent poursuivre sur leur lancée et assassiner leur maîtresse en glissant dix cachets de Gardénal dans son tilleul, Claire et Solange sont prises de panique. Remis en liberté conditionnelle par le juge, Monsieur vient de les appeler et leur demande de faire savoir à Madame qu’il l’attend au Bilboquet, tandis que cette dernière ne tarde pas à faire son entrée.

Comme souvent chez Jean Genet (Splendid’s, Haute surveillance), Les Bonnes constitue un huis clos, dont Mathieu Touzé, avec un immense respect pour l’oeuvre et sans renverser la table, a décidé de pousser les feux. Sous sa houlette, la maison de Madame prend des airs de cage de verre où l’enfermement et ses conséquences se font clairement sentir sur ses occupantes. Bel et bien au bord de la folie, ses Claire et Solange ne sont pas victimes d’une pathologie dure, mais plutôt d’un soupçon de paranoïa, d’un éloignement progressif de la réalité et d’un délire qui leur permet d’élucubrer un nombre colossal d’histoires. Ses bonnes ont alors tantôt l’allure de petites filles complices et apeurées, qui craindraient avant toute chose de se faire réprimander, tantôt celle de monstres en puissance, et en sommeil, prêts à bondir sur la première cible venue et à tout réduire en cendres – « Après, j’aurais mis le feu », s’emporte d’ailleurs Solange. Machiavel à leur échelle, elles paraissent étouffer dans leur prison dorée, où elles sont pieds et poings liés, où leurs moindres faits et gestes sont épiés – « Je vois une foule de traces que je ne pourrai jamais effacer. Et elle, elle se promène au milieu de cela qu’elle apprivoise », s’alarme Claire à propos du retour de sa maîtresse –, et sous cette chape de plomb sociale où le regard et l’attitude de Madame les cloîtrent, et dont elles tentent de s’extirper grâce à leurs pensées macabres.

Si la mise en scène de Mathieu Touzé souffre d’une entrée en matière et d’un intermède musical, prélude à l’entrée de Madame, qui mériteraient, à tout le moins, d’être resserrés, ce parti-pris est servi par deux comédiennes, Elizabeth Mazev et Stéphanie Pasquet, qui confèrent aux bonnes leurs multiples facettes. L’une comme l’autre, et chacune à leur endroit, elles manient les nuances et les variations imposées par Genet et révèlent cette fluidité comportementale qui rend Claire et Solange si insaisissables, jusqu’à conduire à l’épuisement de leur propre catharsis théâtrale. Surtout, ce pas de deux profite de la présence de Yuming Hey, exquis, diabolique et magnétique dans la peau de Madame. Perché sur des talons aiguilles, fardé jusqu’aux ongles, débordant de bijoux, le comédien s’en donne à coeur joie et prend un plaisir visible à incarner ce rôle à qui il donne tout son relief. Devenue une créature archétypale, sa Madame adopte un comportement à ce point excessif qu’il devient permis de douter de son existence. Et si, en définitive, la maîtresse n’était que la projection imaginée par ses deux servantes, prises dans le jeu du théâtre ou perdues dans leur folie ? Les paris sont ouverts.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Les Bonnes
de Jean Genet
Mise en scène Mathieu Touzé
Avec Yuming Hey, Elizabeth Mazev, Stéphanie Pasquet, Thomas Dutay
Eclairagiste Renaud Lagier
Scénographie, chorégraphie et costumes Mathieu Touzé
Régisseur général Jean-Marc L’Hostis
Régie Stéphane Fritsch
Assistante à la mise en scène Hélène Thil

Production Collectif Rêve Concret
Coproduction Théâtre 14 ; Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN ; Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine ; Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine ; CDN de Normandie-Rouen
Avec le soutien de la Comédie-Française pour le prêt des costumes
Action financée par la Région Île-de-France

Durée : 1h35

Vu en février 2024 au Théâtre 14, Paris

Théâtre 14, Paris
du 6 au 24 mai 2025

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Mathieu Bauer met en scène « La flûte enchantée » sous la direction musicale de Nicolas Ellis

7 mai 2025 à 05:02
Mathieu Bauer

Mathieu Bauer photo Jean-Louis Fernandez

L’ultime opéra de Mozart n’a pas été présenté à Rennes depuis 1999 ! 25 ans plus tard, aux côtés du Chœur de chambre Mélisme(s), une très prometteuse distribution s’empare de ce conte merveilleux, portée par le chef d’orchestre Nicolas Ellis et le metteur en scène Mathieu Bauer. Un événement.

Dans son opéra testament et féérique, Mozart joue des contrastes et des oppositions entre la nuit et la lumière, autant qu’il met en musique le parcours initiatique vers la sagesse et le sacré d’un couple d’amoureux. Mais La Flûte enchantée appartient à la culture populaire. Ses airs, parmi les plus célèbres du répertoire, conduisent les spectatrices et spectateurs dans les aventures de deux couples Pamina/Tamino et Papageno/Papagena armés leurs instruments magiques.

Un spectacle d’autant plus attendu qu’il est dirigé, à l’Opéra de Rennes mais aussi en tournée à Nantes et Angers, par le nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Bretagne Nicolas Ellis.

Pour partager ce rendez-vous avec de nombreux habitants et habitantes de Bretagne, cette production donnera lieu à une nouvelle édition d’Opéra sur écran(s) !

La flûte enchantée de Mozart

Nicolas Ellis Direction musicale

Mathieu Bauer Mise en scène

Chantal de la Coste – Messelière Scénographie et costumes

William Lambert Lumières

Florent Fouquet Vidéo

Gregory Voillemet Assistant mise en scène

Anne Soissons Assistante préparation

Décors et costumes fabriqués par les ateliers de l’Opéra deRennes

Avec

Maximilian Mayer Tamino

Elsa Benoit Pamina

Damien Pass Papageno

Amandine Ammirati Papagena

Nathanaël Tavernier Sarastro

BenoîtRameau Monostatos

Florie Valiquette La Reine dela nuit

Élodie Hache Première Dame

Pauline Sikirdji Deuxième Dame

Laura JarrellTroisième Dame

Thomas Coisnon Premier prêtre / Deuxième hommed’arme

Paco Garcia Deuxième prêtre / Premierhomme d’arme

Nicholas Crawley L’Orateur

Orchestre National de Bretagne direction NicolasEllis

Chœur de chambre Mélisme(s) direction Gildas Pungier

Maîtrise de Bretagne directionMaud Hamon-Loisance

Opéra chanté et parlé en allemand et surtitré en français

Dès 10 ans

Durée 3h15 environ entracte compris

Opéra de Rennes
du 7 au 15 mai 2025

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Grand ReporTERRE : Open mic pirate avec Alice Vannier, Sacha Ribeiro et Antoine Chao

7 mai 2025 à 11:10

C’était pas gagné tant le didactisme auraient pu les noyer. Mais les comédiens Alice Vannier et Sacha Ribeiro, en s’alliant au journaliste Antoine Chao pour consacrer le 11e épisode de Grand ReporTERRE à une radio pirate, berceau des luttes actuelles, livrent un vrai spectacle, hautement politique et matière de théâtre étonnante.

Le contrat de la série Grand ReporTERRE mise en place par Éric Massé et Angélique Clairand dès leur arrivée à la tête du théâtre lyonnais du Point du Jour en 2019 est simple et basique : une semaine de répétition entre un journaliste et un ou des artistes sur un sujet qu’ils choisissent ensemble pour aboutir à une sorte de performance entre théâtre et documentaire. One shot pour rester là-haut sur la colline qui prie de Lyon, certains épisodes ont depuis trouvé un écho au-delà comme le 5e épisode, Comment séparer l’homme de l’artiste ? d’Étienne Gaudillère et Giulia Foïs qui a beaucoup tourné.

Ce sera le cas aussi pour ce n°11 qui commence doucement par ce préambule contextuel des règles resserrées de ce jeu. Raconter la fabrique de ce qui déroule au plateau va même s’avérer être la grande force de ce spectacle si proche de ce que Sacha Ribeiro et Alice Vannier ont toujours fait jusque-là. Nous voilà donc dans le studio de Radio lapin, au logo calqué sur celui de France Inter. La lampe vigie rouge s’allume au sommet d’un piquet qui permet d’émettre en pirate sur une fréquence empruntée, le 107.8

Objectif : faire l’histoire des vaincus ou des luttes (c’est selon chacun), ce qui s’illustre dans le fait d’entendre l’histoire du point de vue de ces animaux à grandes oreilles car tant qu’ils ne s’expriment pas, « leur histoire est racontée par les chasseurs » rappelle le trio citant l’historien américain Howard Zinn cité lui-même par Daniel Mermet dans Là-bas si j’y suis.

Vous y êtes ? En fait, c’est un spectacle gigogne résolument en connivence avec les auditeurs-détracteurs de France Inter et celles et ceux qui luttent pour le bien commun. Mais ne bascule pas dans l’entre-soi, d’une part parce qu’il s’agit de la première radio de France, ici largement brocardée, et de mouvements (Extinction rébellion, Soulèvements de la terre…) qui mobilisent des milliers de citoyens et citoyennes sur le territoire français. Le spectre est donc large et l’empilement des exemples bâtit une édifiante photographie de la situation actuelle des endroits idéologiques et géographiques de combats.

Dans son rôle de journaliste et activiste, Antoine Chao rappelle l’histoire de ces radios pirate dans l’après 68 (radio klaxon, radio évasion, radio debout, radio verte Fessenheim… ou à Bologne radio Alice), sa présence dans les ZAD de Notre-Dame-des-Landes, de Sivens, à Sainte-Soline et auprès des Gilets jaunes ou le piratage d’Inter en 2022 à l’annonce des résultats du 1er tour des élections présidentielles depuis la butte de Belleville… où il vit ! En était-il à l’origine ou pas ? Blague ? Manifeste ultra politique ? C’est tout cela à la fois à l’image de cette création qui alterne entre grands faits historiques et un humour irrésistible tant la mécanique de jeu entre Alice Vannier et Sacha Ribeiro qui ont co-fondé la compagnie Courir à la catastrophe à leur sortie de l’ENSATT en 2018, est fluide.

Ça joue ô combien ! Et notamment dans ces phases méta dont ils émaillent leurs créations : nous faire entrer dans la fabrique du spectacle (ici ce sont des discussions chez les unes et les autres attablés dans leur mini appart). Pour dire ainsi ce qu’ils ne pourraient pas dire car on ne peut évoquer tous les malheurs du monde sur scène. Et de fait c’est fait dans un numéro de duettiste irrésistible. Et infiniment militant.
Mais ce 11e Grand ReporTERRE n’est pas un tract. C’est aussi une analyse du langage et de la dialectique politique et médiatique, cette bataille culturelle que mène désormais l’extrême-droite en s’accaparant Gramsci (!) et Jeanne d’Arc (« cette gauchiste, butch, lesbienne… ») ici réhabilitée avec quelques accessoires soigneusement choisis (faire du théâtre toujours, pas juste un discours).

Grimé en Gramsci et en lapin, entre citations de Daniel Bensaïd et chanson de Chantal Goya au ukulélé, entrecoupé d’extraits sonores de faits d’actualités plus ou moins récentes, le trio sait aussi laisser la place à un témoignage en direct chaque soir renouvelé d’un ou une militante d’un mouvement local comme le fait Antoine Chao dans son travail radiophonique habituel. Ce soir-là, il est question des PFAS et des polluants éternels rejetés par la vallée de la chimie au sud de Lyon.

Ajuster la focale sur les maux du monde, penser et jouer le plus sérieusement possible jusqu’à provoquer le rire. L’assemblage fonctionne à plein et ce nouvel opus de «Grand ReporTERRE dépasse brillamment le cadre de son format réduit.

Nadja Pobel – www.sceneweb.fr

Conception et mise en pièce de l’actualité Alice Vannier et Sacha Ribeiro
Avec le journaliste Antoine Chao
Avec Antoine Chao, Sacha Ribeiro et Alice Vannier
Collaboration artistique Angélique Clairand
Scénographie Benjamin Hautin
Régie générale et son Marine Iger
Régie lumière Quentin Chambeaud
Collaboration technique Thierry Pertière et Christophe Reboul
Production Théâtre du Point du Jour, Lyon

Durée 1h30

Théâtre du Point du Jour, Lyon
les 5 et 6 mai 2025

Festival Contre-courant, CCAS La Barthelasse, Avignon
le 16 juillet

Théâtre des Célestins, Lyon
du 3 au 4 novembre

Théâtre de la Cité Internationale, Paris
du 10 au 14 novembre

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La programmation de la Scala Provence pour le Festival d’Avignon Off 2025

7 mai 2025 à 12:43

La Scala Provence présentera 13 spectacles dans le Off 2025, du 5 au 27 juillet, avec en tête d’affiche Philippe Torreton dans La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro dans une mise en scène de Lena Bréban.

Pour la première fois à Avignon :
Ouverture en fanfare et en avant-première du Mariage de Figaro avec Philippe Torreton dans le rôle-titre, mise en scène par Léna Bréban, metteuse en scène flamboyante de Comme il vous plaira, spectacle auréolé de 4 Molières en 2022.

Pour la première fois aussi,
Face aux murs de Damien Droin, un spectacle de nouveau cirque, plébiscité par la presse et le public lors de sa création à la Scala Paris en mars 2025.

Pour la première fois encore,
Yongoyely, le nouveau spectacle de Circus Baobab, en résidence depuis 3 ans dans nos murs. Après Yé ! (l’eau), cette création a conquis le public parisien de la Scala avant d’arriver cet été chez nous.

Pour la première fois toujours,
nous accueillerons conjointement avec le festival In, la prestigieuse Comédie-Française : alors que nos murs vibreront au rythme des Serge, l’inénarrable spectacle-hommage au regretté Gainsbourg, dans la Cour d’honneur, on célébrera le grand retour de Paul Claudel et de son Soulier de satin.

Et pour la première fois enfin,

Ariane Ascaride sera Touchée par les fées dans une « ultima verba » bouleversante et vitaminée. Hervé Pierre et Clotilde Mollet nous livreront comme un cadeau Nous sommes vivants, un texte inédit de Clotilde elle-même.

Robin Ormond, mettra en scène deux acteurs magnifiques, Marilyne Fontaine et Assane Timbo, dans Peu importe, un texte virtuose sur le couple de Marius von Mayenburg, dramaturge allemand consubstantiel à l’histoire contemporaine de la Schaubühne de Berlin.

Leïla Slimani déflorera par la voix d’Anne-Élodie Sorlin sur nos plateaux l’adaptation de son premier roman, le sulfureux Dans le jardin de l’ogre.

Samuel Churin et Céline Roux nous feront vivre le grand amour épistolaire et caché d’Anne Pingeot avec François Mitterrand, entre gravité et légèreté, humour et emportements sans jamais forcer le trait.

Xavier Guelfi, jeune artiste incontestablement doué, présentera pour la première fois à Avignon Brasser de l’air et s’envoler, son spectacle qui « veut sauver le monde ».

Elsa Adroguer nous fera vivre les 37 Heures les plus dérangeantes de sa vie de jeune femme tandis que Bruno Abraham-Kremer rendra un hommage poignant à son père dans Parle, envole-toi !

Et puis, comme on ne se passe pas de danse à la Scala, nous vous donnons rendez-vous pour voir Edouard Hue dans son magnifique Dive et Le Prélude majeur de Kader Attou. L’humour sera également de la fête avec de belles surprises qui nous feront perdre notre sérieux.

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Reçu hier — 8 mai 2025Sceneweb

Le Seigneur des porcheries par la Compagnie en Eaux Troubles

8 mai 2025 à 05:38
Le Seigneur des porcheries par la Compagnie en Eaux Troubles

photo Achile Bird

En hommage à leur leader, des éboueurs occupent les planches et y donnent le show de leur vie ! Un happening poétique et politique.

À Baker, patelin typique du monde occidental, une grève d’éboueurs tourne à l’émeute, entraînant la mort du meneur John Kaltenbrunner. Dix ans plus tard, en hommage au disparu, ses camarades envahissent la scène pour rétablir leur version de l’histoire : déployant un théâtre qui mélange élans poétiques, musique live, danse, pantomime, stand-up ou cabaret, et bousculant pour cette épopée tous les codes de la représentation.

Entre échappées délirantes et situations très crues, c’est l’aberrante marche du monde qui ressort de cet ardent happening, où le burlesque le dispute au tragique. En creux, un manifeste politique ayant pour protagonistes des laissés-pour-compte, broyés par un système asservi au capital et au mâle tout-puissant. Ils occupent le théâtre avec la volonté de rétablir leur point de vue, témoigner de leurs existences et de leurs blessures, interroger la fatalité historique de la violence, dans une alternative émancipatrice.

Le Seigneur des porcheries
Une création commune de la Compagnie en Eaux Troubles

Adaptation et mise en scène Paul Balagué

D’après Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf dans la traduction en langue française établie par Rémy Lambrechts © Editions Gallimard

Interprété et crée par François Chary, Lucas Goetghebeur, Ghislain Decléty, Martin van Eeckhoudt, June van der Esch, Sandra Provasi, Damien Sobieraff

Lumière Lila Meynard
Musique Christophe Belletante, Sylvain Jacques, Grégoire Léauté
Costumes Marie Vernhes avec l’aide de Zoé Lenglare
Régie générale et son Théo Errichiello
Scénographie, régie plateau et construction Mathieu Rouchon, Antoine Formica
Collaboration à l’écriture et à la mise en scène Paul-Eloi Forget
Assistanat à la mise en scène Pauline Legoëdec, avec l’aide spéciale d’Antoine Demière

Production Agathe Perrault, Sarah Baranes (LA KABANE)

Production Cie en Eaux Troubles

Coproduction MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis

Avec le soutien du Théâtre L’Échangeur – Bagnolet, du Grand Parquet, de la SACD, du Théâtre du Fil de l’eau – Ville de Pantin et du Théâtre de l’Arsenal.

Merci à tous nos soutiens, et notamment la famille Balagué.

La Cie en Eaux Troubles fait partie du réseau Actée.

Paul Balagué est membre de LA KABANE – Maison d’artistes.

du 8 au 18 mai 2025
MC93 Bobigny

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Sylvia de Manuel Legris entre au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris

8 mai 2025 à 05:46
Manuel Legris

photo Brescia E Amisano La Scala

Faunes, dryades et bergers : tel est l’univers bucolique dans lequel évolue Sylvia, la nymphe de Diane, déesse de la chasse. Contrainte à la chasteté, devra-t-elle renoncer à son amour pour Aminta, comme Diane dut sacrifier sa passion pour Endymion ?

Conçu initialement par Louis Mérante, Sylvia est le premier ballet créé au Palais Garnier – tout juste inauguré – en 1876, sur la musique brillante de Léo Delibes, également compositeur de Coppélia. Mais c’est la version de Manuel Legris, danseur Étoile de l’Opéra national de Paris, aujourd’hui directeur du Ballet de La Scala de Milan, qui fait ici son entrée au répertoire.

Le chorégraphe apporte une profondeur psychologique au livret en ajoutant un prologue montrant l’univers conflictuel de Diane et donne une plus grande part aux rôles masculins.

Sylvia
Entrée au répertoire
Ballet en trois actes
Chorégraphie d’après Louis Mérante
Livret de Manuel Legris et Jean-François Vazelle d’après Jules Barbier et Jacques de Reinach

Manuel Legris
Chorégraphie

Leo Delibes
Musique

Kevin Rhodes
Direction musicale

Luisa Spinatelli
Décors et costumes

Jean-François Vazelle
Dramaturgie

Avec Les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra
Orchestre de l’Opéra national de Paris

2h25 avec 2 entractes

Palais Garnier
du 08 mai au 04 juin 2025

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Valérie Lesort et Christian Hecq affolent « Le Bourgeois »

8 mai 2025 à 05:55
Valérie Lesort et Christian Hecq montent Le Bourgeois Gentilhomme de Molière à La Comédie-Française

Photo Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

Le tandem enflamme le plateau de la salle Richelieu et livre une version endiablée de la comédie-ballet de Molière. Il offre à la Comédie-Française un tube théâtral pour les saisons à venir.

Ces dernières années, on a vu Valérie Lesort et Christian Hecq réaliser quelques jolis coups : magnifier 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne au Vieux-Colombier, encanailler Le Domino Noir et Ercole Amante à l’Opéra-Comique ou ressusciter La Mouche, d’après la nouvelle de Georges Langelaan, aux Bouffes du Nord. À chaque fois, le tandem, à la ville comme à la scène, a fait montre d’audace et d’inventivité pour bâtir et enrichir son univers poético-décalé, désormais reconnaissable entre mille. Des marionnettes fantasques aux machines magiques, des costumes ultra-sophistiqués aux personnages à l’identité pour le moins marquée, leurs créations ont, toujours, ce même charme fou et les vertus d’un antidote à la morosité. Une règle à laquelle leur version endiablée et baroque à souhait du Bourgeois Gentilhomme n’échappe pas. Pour leur premier spectacle sous les ors de la salle Richelieu, Valérie Lesort et Christian Hecq offrent à la Comédie-Française un tube théâtral pour les saisons à venir. Ni plus ni moins.

D’abord parce que le duo ne s’est pas contenté de la prose de Molière, mais a, et c’est l’un de ses coups de génie, aussi conservé la partition de Lully. Ou presque. Car, plutôt que de la reprendre telle quelle, ils ont confié sa transposition aux musiciens Ivica Bogdanić et Mich Ochowiak. Façon de délaisser la pompe baroqueuse pour se convertir au rythme enlevé d’une musique d’inspiration balkanique, et d’équiper ainsi la comédie-ballet d’une fanfare – composée de Ivica Bogdanić, Rémy Boissy, Julien Oury, Alon Peylet, Victor Rahola et Martin Saccardy – aux cuivres bien balancés, capable de la mener tambour battant. Comme si tout, finalement, ne devait conduire, à tombeau ouvert, qu’à la « turquerie » finale, qui scelle le ridicule dans lequel Monsieur Jourdain, scène après scène, sous le regard et l’influence de son entourage, se vautre, à force de vouloir devenir à tout prix, y compris celui de son honneur, un gentilhomme.

En parallèle, Valérie Lesort et Christian Hecq sont allés dénicher l’humour partout où ils le pouvaient. Dans le texte, bien sûr, qu’ils font parfois malicieusement sonner d’une manière nouvelle ; dans les situations, surtout, qui donnent lieu à des moments de pure mise en scène à la fois impeccablement maîtrisés et puissamment accrocheurs, telle la faste réception organisée pour les beaux yeux de Dorimène, le numéro du maître de musique perturbé par deux moutons et un lama, et, comme une évidence, la cérémonie du Mamamouchi qui, en guise de bouquet final, regorge de créativité et brille par son caractère furieusement déjanté. Pour autant, sous leurs dehors foutraques, ces scènes cachent une mécanique de haute précision, où rien, absolument rien, n’est laissé au hasard. Des marionnettes de Carole Allemand et Valérie Lesort aux costumes de Vanessa Sannino, en passant par le décor d’Eric Ruf, aussi imposant que majestueux, tout confine à l’orfèvrerie théâtrale, jusque dans les moindres détails.

Une précision qui préside également, et ce n’est guère étonnant, au jeu de la quinzaine de comédiens-français présents au plateau, à commencer par Christian Hecq lui-même, qui campe un irrésistible Monsieur Jourdain doux-amer, à la manière d’un François Pignon de l’ère classique. Galvanisés par la proposition totale de leurs deux metteurs en scène, quelques fois physiquement méconnaissables, tous poussent leurs personnages dans leurs retranchements comiques, à commencer par le précieux maître à danser, Gaël Kamilindi, l’horrifique maître de philosophie, Guillaume Gallienne, la revêche femme de Monsieur Jourdain, Sylvia Bergé, le dégingandé Dorante, Clément Hervieu-Léger et la peste en meringue Dorimène, Françoise Gillard. À l’aise avec les mouvements savamment chorégraphiés par Rémy Boissy qui, loin de se transformer en carcan, sont une force sur laquelle s’appuyer, ils prennent un plaisir à jouer qui est un régal à voir. Sans jamais oublier, cerise sur le gâteau, que cette comédie-ballet n’est pas qu’une farce drolatique, mais qu’elle a aussi la dérangeante cruauté, et la profondeur, d’un bal de cons.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Le Bourgeois Gentilhomme
Comédie-ballet de Molière
Mise en scène Valérie Lesort et Christian Hecq
Avec Véronique Vella, Sylvia Bergé, Françoise Gillard, Laurent Stocker, Guillaume Gallienne, Christian Hecq, Nicolas Lormeau, Clément Hervieu-Léger, Gaël Kamilindi, Yoann Gasiorowski, Jean Chevalier, Géraldine Martineau, Antoine de Foucauld, Nicolas Verdier, et Ivica Bogdanić, Rémy Boissy, Julien Oury, Alon Peylet, Victor Rahola, Martin Saccardy
Scénographie Éric Ruf
Costumes Vanessa Sannino
Lumières Pascal Laajili
Musiques originales et arrangements Mich Ochowiak et Ivica Bogdanić
Travail chorégraphique Rémi Boissy
Marionnettes Carole Allemand et Valérie Lesort
Assistanat à la mise en scène Florimond Plantier
Assistanat à la scénographie Julie Camus
Assistanat aux costumes Claire Fayel de l’académie de la Comédie-Française

Durée : 2h20

Vu en juin 2021 à la Comédie-Française, Paris

Comédie-Française, Salle Richelieu, Paris
du 7 mai au 14 juillet 2025

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