Coupes budgétaires dans la culture, quels impacts sur les musiques ...
Coupes budgétaires dans la culture, quels impacts sur les musiques actuelles ?
Face à la diminution en chaîne des financements dédiés à la culture (Etat, collectivités territoriales, CNM, organismes de gestion collective, Pass Culture…), le SMA a souhaité visibiliser l’impact global de ces baisses sur l’activité des structures de musiques actuelles dans les territoires, notamment en termes d’emploi, de dates de concerts et d’actions culturelles. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des diverses initiatives de recensement impulsées par d’autres structures et réseaux, notamment la Cartocrise publiée par l’Observatoire des Politiques Culturelles qui permet à chaque acteur.ice culturel.le de faire remonter les coupes subies.
Les informations utilisées pour la réalisation de ce document sont issues des réponses à une enquête partagée à l’ensemble des adhérents qui a recueilli 186 retours, ainsi que d’alertes de remontées du terrain par les adhérents du SMA.
Cette publication comporte trois volets :
1 – Budgets culture des collectivités territoriales – Ce premier volet dresse un bilan des orientations budgétaires pour la culture en 2025 sur chaque territoire, à l’échelle des collectivités territoriales mais également en rappelant le contexte budgétaire national.
2 – Impact sur les structures de musiques actuelles – Ce deuxième axe s’intéresse aux impacts concrets des coupes budgétaires sur certaines structures dans chaque territoire : annulation de dates et d’actions culturelles, menace des emplois… résultant du contexte économique global explicité en première partie : à la fois territorial et national.
3 – Action qualitative des structures adhérentes au SMA dans les territoires – Cette dernière partie met en lumière des initiatives menées par les adhérents du SMA dans les territoires et qui apportent une plus value précieuse. Il s’agit d’actions culturelles qui participent par exemple à la création de lien social dans les territoires. Cela peut aussi concerner l’accompagnement artistique ou encore les tarifications d’accès à l’ensemble de ces activités.
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✹Budgets culture des collectivités territoriales
La compilation des budgets culturels par région révèle tout d’abord une tendance alarmante : le SMA compte des adhérents dans les 12 régions métropolitaines ainsi que dans la région Réunion. Parmi elles, sur les 12 régions dont le budget a été voté (celui de la Bourgogne-Franche-Comté sera voté fin avril), 9 enregistrent une baisse en 2025.
Il est en outre essentiel de distinguer les budgets de fonctionnement et d’investissement. Le budget de fonctionnement subit une réduction dans 9 régions. Ces coupes menacent directement la pérennité de nombreuses structures et la tendance générale est très préoccupante.
Par ailleurs, plusieurs départements annoncent également des réductions budgétaires significatives, notamment dans l’Hérault, en Loire Atlantique ou en Ille-et-Vilaine. Certaines villes et intercommunalités suivent la même voie, comme à Toulouse, aggravant de ce fait la situation. Il faut également préciser que nombre de structures n’ont pas encore eu d’informations sur le maintien ou non de leurs subventions par ces diverses échelles de collectivités, les budgets n’ayant pas toujours été votés, notamment parfois sur les aides aux projets qui sont fléchées à part du vote du budget. Certaines structures s’attendent à des coupes et donc à des baisses d’activité encore plus conséquentes dans les mois à venir. Une mise à jour sera donc importante.
Consulter le détail de la situation par territoire – pages 11 à 15
Ces baisses budgétaires ont lieu aussi au niveau national : le budget du ministère de la Culture diminue dans le cadre du Projet de loi de Finances 2025 d’environ 68 millions d’euros (-7,8%) pour les crédits démocratisation culturelle et transmission des savoirs (361).
Le Centre National de la Musique (CNM) subit quant à lui une baisse de dotation de l’ordre de 1,3 million d’euros de la part de l’Etat, à laquelle s’ajoute la fin des aides exceptionnelles disponibles dans le cadre de la crise sanitaire. Ses aides sont donc elles-aussi en baisse.
De surcroît, le gel de la part collective du Pass Culture prive de nombreuses structures d’une ressource devenue significative. On note d’ailleurs que l’action culturelle et les actions d’éducation artistique et culturelle sont touchées en première ligne par ces baisses. Les principales diminutions effectives ou attendues sont en effet liées à des projets d’action culturelle, financés par le Pass Culture ou bien liés à des appels à projet structurants (Culture et Santé, Culture et Justice) ou à l’enveloppe dédiée à l’été culturel (programme 361).
Le budget des OGC – organismes de gestion collective (SACEM, Spedidam, ADAMI, etc.) est aussi malmené en raison de l’arrêt RAAP et de la copie privée qui diminue. Il en résulte des baisses de financement de la part de ces différents organismes.
L’accumulation simultanée de ces coupes, qu’elles résultent de choix politiques ou de contraintes budgétaires subies, entraîne des répercussions en chaîne. Des structures sont contraintes d’annuler des concerts, perdant ainsi leur éligibilité aux aides du CNM par exemple, qui exigent un minimum de dates programmées.
Ce cercle vicieux fragilise encore davantage le secteur, impactant aussi les producteurs de spectacle qui ont de plus en plus de difficultés à faire programmer les artistes les plus émergents de leur catalogue. Le manque d’informations, les votes tardifs et la tendance à la baisse incitent donc l’ensemble des acteurs à prendre moins de risque, à moins investir, alimentant de fait un processus de récession. Un tel ralentissement aura nécessairement une incidence sur la place de la découverte et des artistes émergents dans la diffusion.
Enfin, rappelons également qu’en parallèle des baisses de financements, les structures font face à une hausse de leurs charges liée à l’inflation : prix des cachets des artistes « têtes d’affiche », coût de l’énergie, dépenses de sécurité, difficulté de plus en plus grande à s’assurer…L’ensemble de ces dépenses augmente, accentuant un « effet ciseau » inédit et inquiétant qui met en péril l’ensemble du tissu culturel, notamment des musiques actuelles, déjà historiquement peu financé. Ces impacts commencent d’ores et déjà à se matérialiser pour les populations ; c’est ce que nous avons voulu illustrer grâce à notre enquête.
La culture, dans son acception de service public, au même titre que la santé ou l’éducation, serait-elle en train de devenir uniquement un attribut du marché, accessible exclusivement à celles et ceux qui en ont les moyens ?
✹Impact sur les structures de musiques actuelles
Le contexte financier explicité en première partie de ce document a d’ores et déjà des impacts très concrets sur les activités des structures culturelles, notamment celles œuvrant dans le champ des musiques actuelles, que représente le SMA.
Les conséquences sont multiples : annulation de dates, groupes déprogrammés, annulation d’actions culturelles envers des publics scolaires, en situation de handicap (ou en partenariat avec des hôpitaux, des centres sociaux, des centres pénitentiers, etc), mais aussi risques de licenciements des équipes ou hausse des tarifs d’accès pour les publics.
Les impacts présentés ici sur chaque territoire ne sont pas toujours liés uniquement ou directement aux coupes de la part des régions ou des autres échelons de collectivités. Ils résultent bien de l’agrégat de tous les éléments évoqués dans la note introductive du premier volet de ce document.
Dans certains territoires, aucun exemple de structure impactée n’est cité ; cela signifie que nous n’avons pas reçu de témoignage parlant dans ces régions, notamment car les structures n’ont pas encore suffisamment de visibilité sur les baisses de budgets pour arbitrer des choix et les traduire en impacts concrets pour leur structure. Cette partie a donc vocation à évoluer et à être alimentée régulièrement par de nouveaux témoignages.
✹Action qualitative des adhérents du SMA dans les territoires
L’activité des musiques actuelles ne se résume évidemment pas à la seule diffusion, activité pour autant la plus visible. Les lieux de diffusion et les festivals sont aussi largement investis en matière d’action culturelle et d’accompagnement artistique. Ils mènent ainsi une action qualitative au long cours avec un fort ancrage sur leur territoire et au plus près des populations.
Le dernier volet de notre enquête présente donc des actions menées par les adhérents du SMA dans un objectif de missions de service public. Ces actions ne prétendent pas à
l’exhaustivité : le SMA compte à ce jour plus de 600 structures et nous ne pourrions présenter une action pour chacune d’entre elles.
De plus, nous avons choisi de répertorier des projets encore maintenus à ce jour, dans un double objectif. Celui de montrer d’abord la richesse des actions proposées par les adhérents du SMA malgré un contexte budgétaire toujours plus difficile. Nous souhaitons aussi souligner que la dimension inédite de ces coupes budgétaires menace des actions qui non seulement créent du lien social sur les territoires mais conditionnent aussi un soutien aux artistes émergents qui ont besoin de ces structures pour développer leur carrière.
La musique est à ce jour la première pratique culturelle des Françaises et des Français : qu’en sera-t-il alors dans quelques années ? Quel impact ces coupes budgétaires vont-elles produire dans notre quotidien à moyen terme ?
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