Vue normale

Reçu avant avant-hierHARD FORCE - Toutes catégories - (page 1 / 1693)

SVARTA HAVET "Månen Ska Lysa Din Väg"

SVARTA HAVET est un groupe Finlandais dont les membres sont issus de la scène post-hardcore / punk et engagés politiquement et socialement dans la lutte contre le système organisé et pour l’égalité de tous. Après un premier album sorti en 2021, le quartette revient cette année avec « Månen Ska Lysa Din Väg » dont les huit titres de post-black metal aux diverses influences mais surtout teintés d’une violence intrinsèque, devraient plaire à pas mal de fans de musiques extrêmes. Clairement engagées et librement inspirées, les compositions sont efficaces et vont droit au but, tout en gardant de belles nuances et des sonorités riches. Signés chez Prosthetic Records, SVARTA HAVET devrait faire du bruit dans son pays mais internationalement également.

Si l’intro mélodique à la guitare de "Göm Dig" nous plonge immédiatement dans une profonde mélancolie, c’est pour mieux la mêler à des hurlements habités et des rythmes blastés ensuite. L’atmosphère reste sombre avec des riffs envoûtants tout au long du morceau et son final au piano apporte beaucoup de légèreté. Une entrée en matière remarquable et remarquée.
S’ensuit alors le puissant et déchirant "Härlig Är Jorden" avec ses vocaux surhumains, ses dissonances à la tension palpable mais aussi ses rythmes balancés. Puis le mystique et post-black "Avgrunden", aux influences variées, entre chaos dystopique et sérénité nostalgique.

C’est avec "Alla Sover" que l’on retrouve les racines hardcore de SVARTA HAVET avec des guitares rythmées et une multitude de nuances dans la structure du morceau. Le lent et lourd "Djur" se veut cathartique et imposant avant une deuxième partie brutale, rapide et agressive. Le très black et vindicatif "Under Staden", court et percutant contraste avec "Misstag", mid-tempo mais tout aussi charismatique. Les guitares arpégées et les récits de voix féminine s’y dessinent en parallèle d’une musique incisive et crue. Enfin, l’excellent "Ditt Rike" vient clôturer l’album sur un post-black metal aux breaks rock, dark et aux nuances à nouveau fouillées et inspirées.

SVARTA HAVET est finalement difficilement classable. Le post-black metal de « Månen Ska Lysa Din Väg » est varié et inspiré de différents courants. Si la musique est extrême, le fond est plein de sens et l’atmosphère est unique. C’est un album à découvrir en plusieurs écoutes pour y déceler toutes les couches et les facettes. Une belle réussite pour un groupe engagé et engageant.

POINT MORT "Le Point de Non-Retour"

La journée du vendredi 25 avril était riche en sorties attendues pour le metal : difficile de passer à côté des albums de GHOST et LANDMVRKS tant les médias en ont parlé, rendant les autres sorties de ce jour plus confidentielles qu’elles ne l’étaient en réalité. Parmi ces sorties se trouvait le nouvel album, également très attendu, de POINT MORT, groupe de popcore parisien. Sans être l’album le plus remarqué parmi les sorties du jour, il se classe facilement dans la liste des plus remarquables en raison de toutes les qualités qu’on y trouve, notamment la diversité de styles et leur maîtrise.

Le morceau d’ouverture, "ॐ Ajar", donne le ton : notes électro et cris d’abord indistincts, comme prononcés par des créatures qui nous cernent alors qu’on écoute la musique, nous plongent dans l’univers de cet album avec une force d’immersion peu commune. Arrive ensuite "An Ungrateful Wreck Of Our Ghost Bodies" sur lequel le groupe laisse entendre sa force de frappe : le chant de Sam Pillay est principalement saturé sur ce titre, tout en se permettant quelques incursions du côté du chant clair et du chant parlé. La batterie de Simon Belot est assassine et rapide, donnant envie de courir et de regarder partout à la fois. La basse de Damien Hubert et les guitares d’Aurélien Sauzereau et Olivier Millot instaurent le climat d’angoisse, d’inquiétude et d’obscurité de l’album. Mais s’il est aussi sombre, c’est pour mieux séduire le public par sa noirceur et les histoires qu’il raconte, ainsi que par ses qualités parmi lesquelles la maîtrise de toutes les techniques employées. Le chant est particulièrement remarquable, alternant au fil des titres entre chant saturé, chant clair, chant parlé parfois proche du rap, toujours avec brio et équilibre entre les différentes ambiances de l’album.

Si la diversité de styles présente peut parfois égarer les nouvelles oreilles peu familières du groupe, le clip-vidéo de "The Bent Neck Lady" peut conquérir tous les publics : l’histoire d’une petite fille qui ne grandissait pas et finit par rencontrer la dame au cou penché est racontée sans fioritures, tout en intensité et désespoir, et permet de prendre pleinement la mesure du morceau ainsi que de la maîtrise avec laquelle il est exécuté. Le contexte est planté avec douceur et guitare acoustique avant que le chant clair sautillant ne devienne de plus en plus inquiétant au fil du voyage de la petite fille. Le rythme du récit est également celui de l’évolution du titre et le diptyque s’apprécie dans son ensemble, créant ainsi une œuvre unique, impressionnante et terrifiante à souhait, où tous les curseurs sont poussés au maximum.

Après ces histoires de fantôme, "Skinned Teeth" laisse une fois de plus entendre la rage qui habite les membres du groupe et laisse entrevoir des concerts intenses à souhait. Celle-ci semble toutefois plus libre et d’apparence moins ordonnée, impression renforcée par le clip dans lequel le groupe casse de nombreux objets pour extérioriser sa colère. Plus proche du punk, ce titre mise davantage sur l’efficacité en moins de trois minutes pour contraster avec les deux morceaux précédents dont la durée est proche de dix minutes.

Vient ensuite la chanson-titre, "Le Point de Non-Retour", qui cristallise un instant d’éveil et de prise de conscience ultime après un long sommeil pas vraiment réparateur. Le cri « Let it out » résonne alors comme une exhortation à d’autres cris et à l’extériorisation des émotions. Après quoi, impossible de revenir en arrière puisqu’on a atteint une envie d’avancer sans dissimuler nos émotions.

"Iecur" renoue avec les morceaux longs et déploie sa colère en un peu plus de huit minutes, montrant le soubresaut qui intervient après la prise de conscience du morceau précédent. Là encore, les intensités varient, entre grande douceur du chant clair accompagné d’une guitare acoustique et d’une batterie plus douce, et grande colère du chant saturé accompagné de l’ensemble des musiciens pour des rythmes rapides, avant que le chant clair et le chant saturé ne se superposent pour donner davantage de relief à l’un et l’autre.

Dernière chanson de l’album, "Der" reprend en douceur avec un chant clair plus proche de la pop, vite rejoint par l’ensemble des instruments du groupe, puis alterne entre les moments de douceur pop et les moments de force brute plus metal. Le titre fonctionne comme une synthèse des styles abordés dans l’album et se conclut sur des cris de tristesse teintée de regret, émotion exprimée à merveille tout au long de du disque.

PARKWAY DRIVE Le groupe dévoile un nouveau single "Sacred"

PARKWAY DRIVE - Le groupe dévoile un nouveau single
© Third Eye Visual


En amont de sa tournée anniversaire, qui marquera ses 20 ans de carrière discographique, le groupe PARKWAY DRIVE a partagé aujourd'hui un nouveau single illustré par un clip à voir plus bas.
"Sacred" est le premier titre que le groupe propose depuis « Darker Still », un album sorti en 2022 qui avait mis tout le monde d'accord. Pour le chanteur Winston McCall, l'objectif de "Sacred" est sacrément simple : « C'est un hymne à l'énergie positive. Nos vies et la façon dont nous existons dans ce monde sont poussées de plus en plus loin à travers l'œil et le cadre de la négativité et du désespoir. Nous sommes obsédés par tout ce qui nous manque, tout ce que nous détestons, tous ceux que nous blâmons, tout ce qui nous empêche d'avancer. Nous vendons les parties uniques les plus précieuses de nous-mêmes juste pour racheter des morceaux préfabriqués afin de nous sentir à nouveau entiers. Le "sacré", c'est notre identité. Le "sacré", c'est notre temps. Ne perdez jamais ça de vue et ne perdez jamais espoir. »

La sortie de "Sacred" arrive alors que PARKWAY DRIVE se prépare à une année de concerts qui fera date, à commencer par un concert symphonique, joué à guichets fermés, au célèbre Sydney Opera House en juin, point culminant de l'imposante célébration du 20e anniversaire de son premier album « Killing With a Smile ». De là, le groupe sera la tête d'affiche de la tournée "Summer Of Loud 2025" à travers les États-Unis, où il donnera quelques-uns de ses plus grands concerts nord-américains à ce jour.

Puis, les Australiens prendront la route cette automne pour une tournée européenne, à l'occasion de laquelle ils présenteront une ambitieuse production scénique. Connue pour ses performances spectaculaires, hautes en énergie, PARKWAY DRIVE promet de dépasser toutes les attentes en offrant une expérience live inoubliable et immersive comme jamais auparavant.

Deux concerts sont prévus en France !
Jeudi 2 octobre au Zénith de Paris et le mercredi 5 novembre à Halle Tony Garnier de Lyon.
La billetterie et disponible en suivant ce lien : Parkway-Drive-tickets

Winston McCall ne cache pas son enthousiasme : « Cette tournée va être d'un niveau supérieur à tout ce que nous avons pu faire jusqu'à présent. Nous avons toujours été fiers d'offrir le meilleur show possible, mais notre tournée pour ce 20e anniversaire va pousser les choses à l'extrême. Nous apporterons plus de feu, plus d'énergie et une production toujours plus importante. »

Le single "Sacred" est disponible sur tout les plateforme de streaming : ParkwayDrive.Sacred





LE GRAND PARIS SLUDGE Le running-order de la 3e édition

LE GRAND PARIS SLUDGE - Le running-order de la 3e édition


Voici donc le running-order de la 3e édition du Grand Paris Sludge qui se tiendra les samedi 17 et dimanche 18 mai prochain à l'Empreinte de Savigny-le-Temple (77).

Samedi 17 mai - ouverture 19h
19:20 Daily Thompson (grande salle)
20:05 Nvage (club)
20:50 Dirty Sound Magnet (grande salle)
21:40 Subterraen (club)
22:30 Arthur Brown (grande salle)

Dimanche 18 mai - ouverture 19h
19:20 Help (grande salle)
20:05 Cerbère (club)
20:50 Whores. (grande salle)
21:40 Godsleep (club)
22:30 Elder "Lore 10th Anniversary" (grande salle)

(re)découvrez les groupes à l'affiche :
ARTHUR BROWN c'est tout simplement le mythe en personne. Avec son titre intergalactique : "Fire" mais aussi sa fameuse reprise de "I Put a Spell On You", l'Anglais barré va nous emmener dans son crazy world.

CERBÈRE sont tout simplement là pour donner les lettres de noblesse à notre style de prédilection, le sludge. Véritable condensé de black et de sludge, leur dernière sortie sur le label qui monte Chien Noir est juste une ode à la noirceur...

DAILY THOMPSON est un trio reconnu pour son mélange unique de desert-rock, de grunge et de blues puissant et bruyant. Leur dernier album « Chuparosa » va vous emmener dans une expérience immersive...

DIRTY SOUND MAGNET fusionne des éléments de rock psychédélique, de rock progressif et de blues rock, créant ainsi un son distinctif qui puise ses racines dans les années 1960 et 1970. Leur dernier album, « Dreaming in Dystopia », va vous faire explorer très loin les sonorités psychédéliques et progressives.

ELDER nous invite à célébrer les 10 ans d'une de ses masterpieces : « Lore ». Vous l'aurez donc compris, le groupe va interpréter l'album dans son intégralité, pour clôturer une édition 2025 ambitieuse !

GODSLEEP vous fait voyager dans tous nos styles de prédilection. Les Grecs ont oscillé entre un desert-psych rock fuzz stoner au début, pour maintenant se teinter de noise heavy pop ultra efficace.

HELP se décrivent comme cela : « si ta musique te fait tellement souffrir que tu veux t’arracher les yeux, c’est que tu tiens quelque chose ». Bien évidemment cela ne pourra que vous toucher en plein cœur...

NVAGE est un duo basse-batterie originaire du nord de la Seine-et-Marne qui mêle riffs sludge, post metal et gaze. C'est la pépite locale qui sort des sentiers battus...

SUBTERRAEN viendront présenter leur post-sludge atmosphérique en terre savignienne. On vous conseille chaudement leur dernier album « In The Aftermath Of Blight » sorti chez Frozen Records. Véritable coup de cœur des programmateurs, leur prestation dans le club va en surprendre plus d'un.

Si votre truc c'est la noise cathartique et sale, WHORES. sont là pour vous. Mais attention, le groupe d'Atlanta a la bonne idée de mixer cela avec un sludge metal pour rendre l'expérience live intense !

Tickets : GrandParisSludge-2025



Reçu hier — 9 mai 2025HARD FORCE - Toutes catégories - (page 1 / 1693)

BEHEMOTH "The Shit Ov God"

Si le titre de ce nouvel album de BEHEMOTH semble incisif et plutôt direct, c’est pour mieux en refléter le contenu. En effet, la musique des 8 titres de « The Shit Ov Gov » est aussi rentre-dedans que les paroles associées. Le charismatique leader Nergal a toujours été un engagé blasphémateur, arborant une imagerie anti-chrétienne extrême et enchaînant les provocations. Haine et colère font ici bien sûr partie du discours, avec en plus, un esthétisme de plus en plus recherché et détaillé. Le BEHEMOTH grandiloquent perdure, mais se veut maintenant abouti, sûr de lui, ferme, sans concessions et peut-être moins caricatural que sur le précédent album. Théâtral oui, visuel oui, imposant oui, mais surtout féroce et brutal. Son black/death metal est une ode au satanisme, pas spécialement en tant que religion, mais plutôt en tant qu’opposition à la société qui nous entoure, ses dogmes, ses alliances macabres. BEHEMOTH, c’est un tout. Mais un tout extrême, sans être exagéré. La production de Jens Bogren aux Fascination Street Studios rend l’album encore plus majestueux. Bref, rien n’est laissé au hasard, le Diable se cache dans les détails.

Le premier blast arrive avec "The Shadow Elite", à l’entrée martiale. L’utilisation constante du pronom personnel “We” (nous) permet de nous immerger, de nous identifier à l’agressivité déversée, mais aussi de ressentir toute la puissance d’un morceau dévastateur. Le plus death "Sowing Salt" au refrain fédérateur et aux hurlements possédés fait la part belle à des guitares distordues et des rythmes cadencés. Tout aussi efficace, concis, précis, brutal.

Le titre "The Shit Ov God" est l’hymne éponyme de l’album. Symphonique, évocateur, à nouveau inclusif, il est complètement addictif car entêtant, rythmé, mélodique, mais percutant. C’est un morceau fait pour le live, visuel, riche, aux atmosphères lourdes. Son break récité, lent, et son refrain le rendent immédiatement inoubliable. Le sombre "Lvciferaeon" nous emmène au plus profond des enfers, brûlants. De la même façon, les paroles du refrain « If I’m God, everyone is, If i’m not, None exists » est un appel universel, une incantation. Les troupes sont au garde-à-vous et on se sent tout de suite familier du titre, proche du Baphomet cité.

Le tourbillonnant "To Drown The Svn in Wine" garde les rangs serrés autour de « Captain, ô my captain » et de cette voix féminine complètement hystérique en fin de morceau, gigantesque. "Nomen Barbarvm" est un titre théâtral comme seul BEHEMOTH sait les construire, autour de chants virils, de guitares puissantes et riffs répétés et, surtout, de rythmes blastés.

Pour finir, le balancé et varié "O, Venvs Come!" contraste avec le très black "Avgvr (The Dread Vvltvre)" qui clôture ce « The Shit Ov God » de façon plutôt atmosphérique, mystique même. Les sonorités horrifiques et les riffs tranchants le rendent glacial et lugubre. Un final qui en impose, comme pour montrer que la sérénité n’est pas encore venue. Ou bien si, avec les quelques secondes de guitare acoustique, subtile.

Ce treizième album des Polonais BEHEMOTH combine passion dévorante, ambition ravageuse, musique extrême et esthétique fouillée. « The Shit Ov God » est une œuvre monumentale, qui prend aux tripes sur platine, qui vous saisit en live. Après 30 ans de carrière, Nergal peaufine encore et toujours son Art pour nous séduire et semble posséder notre âme. Excellent.

MOTÖRHEAD L'album "perdu" de 1976

MOTÖRHEAD - L'album
© Sheila Rock | DR

En 1976, MOTÖRHEAD se consolide, un an après sa création.
Lemmy (basse/chant), Fast Eddie Clarke (guitare) et Phil « Philthy Animal » Taylor (batterie) unissent leurs forces et entament leur extraordinaire voyage. En août 1976, le groupe s'installe au légendaire studio Manticore d'EMERSON, LAKE & PALMER à Fulham pour répéter et présenter le nouveau groupe. C'est là qu'ils enregistrent ensemble pour la toute première fois. Aujourd'hui, quarante-neuf ans plus tard, cette bande perdue depuis longtemps refait surface, dépoussiérée et restaurée dans toute sa gloire brute, pour célébrer le 50e anniversaire de ce groupe phare du rock.
Il est assez surréaliste, voire incroyable, qu'un demi-siècle se soit écoulé depuis cette époque cruciale de 1976. Tout aussi remarquable, surtout pour ceux qui se souviennent de Lemmy martelant les machines à sous des pubs londoniens ou comme la rock star la plus extraordinairement accessible de l'époque, a été l'ascension de cet homme toujours humble vers une immortalité digne du Mont Rushmore en tant qu'icône ultime du rock 'n' roll, et ce malgré sa triste disparition il y a près de dix ans. Lemmy lui-même aurait certainement ricané. Les luttes acharnées auxquelles MOTÖRHEAD a dû faire face au cours des quatre premières années de son existence sont bien documentées et la manifestation presque accidentelle de cet album - ainsi que les circonstances dans lesquelles il a été enregistré - présentent une partie à peine connue de l'histoire du groupe à une époque où son avenir même semblait sombre (si les événements n'avaient pas pris une tournure différente).
Une partie de cette première histoire concerne un homme peu mentionné, Frank Kennington, qui a travaillé pour les WHO, avant de se lancer dans le management et de s'occuper brièvement de Motörhead, alors un groupe en difficulté. L'une des actions de Kennington a été de réserver pour le trio le cinéma ABC, reconverti en Fulham Palace Road, et qui servait de QG au supergroupe de prog EMERSON, LAKE & PALMER - connu sous le nom de Manticore. Nommé d'après la bête mythique du folklore persan qui ornait les pochettes de leurs albums, le studio Manticore était un lieu unique pour les groupes, la salle de projection abritant les bureaux tandis que l'auditorium principal, dépourvu de sièges, constituait une scène sonore utile pour les répétitions des groupes. MOTÖRHEAD était installé au studio Manticore et enregistrait son concert dans le studio mobile de Ronnie Lane, géré par Ron Faucus, l'ami de confiance de Ronnie.
Faucus a fait un excellent travail en capturant la puissance brute et les explosions à haute fréquence de MOTÖRHEAD sur des chansons qui sont restées dans leur set live jusqu'en 1979. Ces bandes vieillissantes ont été restaurées par Cameron Webb, collaborateur de longue date de MOTÖRHEAD, aux Maple Studios en Californie, et masterisées par Andrew Alekel à la Bolskine House à Los Angeles. Le résultat est un moment véritablement historique dans l'évolution du groupe, qui restaure et fait découvrir pour la première fois au public une partie essentielle de son évolution.
The Manticore Tapes sera disponible le 27 juin prochain sous la forme d'un coffret deluxe contenant un double LP et un single 7", un single LP, un CD et une version numérique.

BOOKPACK :
LP1 – The Manticore Tapes
1. Intro (Instrumental)
2. Leavin' Here
3. Vibrator
4. Help Keep Us on the Road
5. The Watcher
6. Motorhead
7. Witch Doctor (Instrumental)
8. Iron Horse / Born to Lose (Instrumental)
9. Leavin' Here (Alternate Take)
10. Vibrator (Alternate Take)
11. The Watcher (Alternate Take)

LP2 - Live: Blitzkrieg on Birmingham '77
1. Motorhead
2. Vibrator
3. Keep Us on the Road
4. The Watcher
5. Iron Horse
6. Leaving Here
7. On Parole
8. I'm Your Witchdoctor
9. Train Kept a-Rollin'
10. City Kids
11. White Line Fever

7” - Live at Barbarella's Birmingham '77
1. Motorhead
2. Keep Us on the Road

SLEEP TOKEN "Even In Arcadia"

L'homme est moins lui-même quand il est sincère, 
donnez-lui un masque et il dira la vérité
”. 

La citation d’Oscar Wilde prend tout son sens à la sortie du 4ème album de SLEEP TOKEN "Even in Arcadia" ce 9 mai 2025. Un album des plus scrutés par la sphère metal, mais aussi surtout par l’importante communauté de fans du groupe.

Et dès la première écoute de l’album, la citation "Behold, a divide" - mentionnée sur les emails de promotion avant la parution de l’album reçus par les abonnés à la newsletter - nous revient en tête. Cet album ne s’adresse pas aux fans de musique extrême, mais aux fans de SLEEP TOKEN. L’album divise, et cette réaction était attendue par le groupe, c’est indéniable, manifestant l’importance qu’il accorde à faire ce qui musicalement le fait vibrer.

C’est pourquoi, dès l’ouverture, “Look to Windward” montre l’intention du groupe de laisser libre cours à sa créativité, son envie d’explorer et de fusionner tous les styles, réaffirmant ici encore la difficulté de réduire sa musique à un seul courant. 
Le titre, riche en inspirations et temps forts nous marque très vite par la phrase "Will you halt this eclipse in me", répétée tel un mantra, qui reste résonner dans notre esprit. 
Cette chanson est une manifestation d’intention claire :
You know I live by the feather And die by the sword And I will sunder the earth only to burn the reward

Le ton est donné, les screams déchirants de Vessel, la puissance du titre allant crescendo, nous happent avec une vitesse désarmante. Le titre "Dangerous", qui évoque musicalement “Vore" (sur “Take Me Back To Eden”), reprend la phrase "Won't you show me how to dance forever ?" en écho au site web qui avait été lancé.

L’autre évocation qui secoue la fanbase, vient des premières secondes de "Even In Arcadia", le titre éponyme. Dès les premières notes cristallines, la sensation agréablement familière qui nous traverse est une expérience à elle seule. Ces notes, nous les connaissons sur les Reels parus sur les réseaux sociaux à l’annonce des titres "Emergence", "Caramel", "Damocles" ainsi que de l’annonce de l’album, associées dans notre esprit au mot "PREPARE" et au gracieux flamant noir que les fans ont nommé "Jericho Vesselonius Token" (ou affectueusement “Jerry”). 
Le titre, cité dans les paroles “Even in Arcadia, you walk beside me still”, est une référence. L'Arcadie est un symbole mythologique, pré religieux, d'un lieu idyllique. Issue de la mythologie grecque, elle était le domaine de Pan, un royaume de nature intacte et de vie simple, préservé de la corruption sociale. Plus tard, à la Renaissance, ce symbole a évolué vers un âge d'or idéalisé, plus proche du concept biblique d'Eden, mais mettant davantage l'accent sur l'harmonie avec la nature et le rejet de la civilisation, avec ses défauts et ses difficultés. C'est ainsi que l'expression "Et in Arcadia ego" - "Même en Arcadie je suis" - apparaît d'abord comme le nom du tableau du Guerchin, puis comme celui du diptyque "Les Bergers d'Arcadie" de Nicolas Poussin. Dans l'expression "Je", il sous-entend la Mort elle-même, signifiant "même dans le meilleur endroit du monde, la Mort existe toujours, même la vie la plus heureuse finira un jour". 


Si le groupe explore depuis ses débuts un étrange équilibre entre le Divin et l’Humain, la sensualité a toujours été inhérente au groupe. Qu’elle soit au sein de son jeu de scène, presque érotique, ou dans les paroles des titres, elle se retrouve savamment distillée dans les paroles de "Provider". La chanson explore l’obsession, l'intimité et la frontière floue entre dépendance physique et émotionnelle. L’imagination est stimulée par des paroles telles que "your outer shell, your secret insider" et "your fingers, foxtrot on my skin" et un danger sous-jacent se dessine sous la surface, suggéré par des vers sur l'hésitation et les métaphores émotionnelles de l'unité de soins intensifs, suggérant une relation aussi enivrante qu'instable. 
Un coup de maître, assurément, montrant que le groupe joue sur les thèmes avec autant d’élégance et d’aisance que sur les univers musicaux, sachant alterner légèreté et intensité d’une manière diabolique. Mais l’humain et sa vulnérabilité sont un point central de l’album, tant musicalement que contextuellement. Avant la sortie de l’album, le single "Caramel" avait fait couler beaucoup d’encre, tant le message délivré par le groupe était impactant. En effet, adressant dans les paroles la toxicité de la fanbase et les répercussions sur le groupe dirigé par Vessel, le ton était donné et l’on sortait de l’univers SLEEP TOKEN construit autour de la vénération d’une déesse ancienne, Sleep, pour se tourner directement vers le public. Cette confession, criante de frustration et de souffrance a été un véritable séisme au sein de la communauté, exposant une nouvelle fois les dérives crées par l’anonymat, le doxxing subi par l’un des membres (doxxing : acte de révéler des informations qui permettent d'identifier quelqu'un en ligne, comme le véritable nom, l'adresse, le lieu de travail, le numéro de téléphone, des informations financières ou personnelles – ndlr). Il était donc dès lors pertinent de se demander si l’album serait sur le même ton, et à l’analyse des paroles de chaque titre, "Infinite Baths" fait l’effet d’un baume apaisant sur nos âmes tourmentées. 
Dans la continuité de "Caramel", le titre est l’affirmation même que le groupe est là, malgré la pression endurée :
"Well, I have fought so long to be here I am never going back"
Tandis que le mantra du premier titre “Will you halt this eclipse in me” qui apporte une merveilleuse cohérence à l’album, dont l’intention de rester résonne du premier au dernier morceau de l’album, cloture cet opus avec délicatesse, avec une une belle référence au Comics "Teeth Of God" paru chez Sumerian Comics et sold out depuis le premier jour : “Teeth of God Blood of man I will be What I am”.

Cet album, cryptique, mystérieux, fait une offrande réelle à sa communauté, délivrant bien plus qu’une œuvre aboutie musicalement à la production sans défaut, en mettant l’âme du groupe à nu, exposant sa vulnérabilité, en flirtant avec nous, nous captivant d’une manière presque surnaturelle, nous faisant nous-même devenir les idolâtres du groupe.
Que vous soyez des fidèles du groupe, ou des personnes curieuses, cet album doit être savouré, vénéré, tel que le groupe le suggère.
Worship.

❌