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Reçu hier — 16 mai 2025Homo Hortus

Les « villes sans peur » : un mouvement municipaliste mondial né à Barcelone

16 mai 2025 à 20:38

Né à Barcelone en 2017 sous l’impulsion d’Ada Colau et du mouvement Barcelona en Comú, le réseau des « villes sans peur » fédère des municipalités du monde entier autour de la démocratie locale, de la justice sociale et de la gestion des communs. De Barcelone à Naples, Grenoble ou Valparaíso, une nouvelle politique par la base s’invente. #FearlessCities #Municipalisme @odile31@mamot.fr

Le mouvement des « villes sans peur » (Fearless Cities) est né à Barcelone en juin 2017, porté par la maire Ada Colau et la plateforme citoyenne Barcelona en Comú. Cette initiative a rassemblé plus de 700 participants venus de plus de 40 pays, représentant plus de 180 villes et villages, lors d’une première rencontre internationale qui a marqué un tournant pour le municipalisme progressiste[6][7][8][11].

L’objectif : réinventer la politique locale en mettant la justice sociale, la démocratie participative et l’écologie au cœur de l’action publique. Inspiré des mouvements citoyens comme les Indignados, ce réseau entend changer la façon de faire de la politique en partant du bas, en misant sur la proximité, la participation directe des habitants et la gestion collective des biens communs[2][8].

Les « villes sans peur » se sont imposées comme un forum international pour les municipalités qui refusent la logique néolibérale, l’austérité et la fermeture des frontières. Elles promeuvent :

  • la démocratie du proche (assemblées citoyennes, budgets participatifs),
  • la réappropriation des services publics et des ressources (eau, énergie, logement),
  • l’accueil des réfugiés,
  • la lutte contre la spéculation immobilière et la précarité,
  • et une diplomatie des villes, solidaire et transnationale[5][7][12].

Des villes comme Naples, Valparaíso, Grenoble, Madrid, Berkeley, ou encore Derik au Kurdistan syrien, participent à ce réseau, qui s’étend aujourd’hui sur tous les continents[12]. Même si le mouvement n’est pas encore formalisé, il offre une plateforme d’échange, de soutien mutuel et d’expérimentation démocratique pour celles et ceux qui veulent transformer la société à partir du local.

En résumé, les « villes sans peur » démontrent que la commune peut redevenir le laboratoire vivant de la démocratie, de la solidarité et de l’innovation sociale, face à l’impuissance ou à l’autoritarisme des États-nations.

Citations:
[1] https://commonspolis.org/fr/blog-fr/el-viento-que-impulsa-el-oleaje-de-las-ciudades-sin-miedo-marcelo-exposito/
[2] https://mouvements.info/fearless-cities/
[3] https://vecam.org/2014-2021/Barcelone-a-la-croisee-des-communs.html
[4] https://www.lemonde.fr/attentat-a-barcelone/article/2017/08/26/sans-peur-barcelone-se-rassemble-contre-le-terrorisme_5177047_5173500.html
[5] https://aitec.reseau-ipam.org/Rencontre-municipaliste-des-Fearless-Cities-a-Barcelone-vers-un-maillage
[6] https://docs.eclm.fr/pdf_extrait/409GuideDuMunicipalisme_sommaire_preface.pdf
[7] https://etopia.be/blog/2021/09/22/fearless-cities-les-villes-ces-catalyseurs-du-changement/
[8] https://www.demainlaville.com/qui-sont-les-instigateurs-des-villes-sans-peur/
[9] https://etopia.be/wp-content/uploads/2022/12/20210809_EcologieDesCommuns-169-185.pdf
[10] https://www.mediapart.fr/journal/international/130617/barcelone-une-alliance-des-villes-contre-les-nouveaux-monstres-politiques
[11] https://fearlesscities.com/en/file/29/download?token=s06lu2cK
[12] https://blogs.mediapart.fr/francois-bernheim/blog/050519/si-tu-timagines-grenoble-22
[13] https://www.right2city.org/fr/events/la-pgdv-au-fearless-cities-2021/

Les principes d’Elinor Ostrom : une gestion démocratique et durable des communs

16 mai 2025 à 22:55

Comment gérer collectivement les ressources naturelles sans tomber dans la surexploitation ? Elinor Ostrom a identifié huit principes pour une gouvernance efficace et démocratique des communs, inspirant les alternatives à la privatisation comme à la bureaucratie étatique. #Communs #Ostrom #Autogestion

Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009, a révolutionné la compréhension des « communs » – ces ressources gérées collectivement par des communautés (forêts, pâturages, eau, pêche, connaissances, etc.). Contre l’idée reçue de la « tragédie des communs » (Hardin), Ostrom a montré que la gestion collective n’est ni vouée à l’échec ni inférieure à la propriété privée ou à la gestion étatique. Elle a identifié huit principes fondamentaux pour une gouvernance efficace et démocratique des communs :

1. Limites clairement définies
La communauté doit pouvoir identifier qui a le droit d’utiliser la ressource et où se situent ses frontières.

2. Règles adaptées aux conditions locales
Les règles d’usage et de gestion doivent être élaborées par les usagers eux-mêmes et adaptées aux spécificités locales.

3. Participation des usagers à la décision
Les personnes concernées par le commun doivent pouvoir participer activement à la modification des règles.

4. Surveillance démocratique
Des membres de la communauté, ou des personnes responsables devant elle, surveillent l’usage de la ressource et le respect des règles.

5. Sanctions graduées
En cas d’abus, les sanctions sont progressives et proportionnées, décidées collectivement.

6. Mécanismes de résolution des conflits
Des instances locales, accessibles et peu coûteuses, permettent de résoudre rapidement les différends.

7. Reconnaissance par les autorités extérieures
Les droits de la communauté à s’auto-organiser doivent être reconnus par les pouvoirs publics.

8. Organisation en réseaux imbriqués
Pour les communs de grande taille, la gouvernance s’organise à plusieurs niveaux, du local au global, par fédération de groupes autonomes.

Conclusion
Les principes d’Ostrom montrent qu’il est possible de gérer durablement et démocratiquement les ressources partagées, à condition de respecter l’autonomie, la participation et la diversité des communautés. Son approche inspire aujourd’hui les mouvements pour la relocalisation, l’autogestion et la transition écologique, bien au-delà des seuls communs naturels.

Communisme de décroissance et souveraineté populaire : pour une sortie radicale de la mégamachine thanatique

16 mai 2025 à 23:06

Et si la souveraineté populaire cessait d’être un mythe ? Le « communisme de décroissance » de Saito (État faible, égalité forte) rejoint l’appel de Colliot-Thélène à incarner la souveraineté du peuple dans des communes fédérées, la démocratie directe et la gestion collective des communs. C’est la voie pour sortir de la mégamachine oligarchique et de l’écocide global. #Décroissance #SouverainetéPopulaire #Communs #Municipalisme

Le scénario du « communisme de décroissance » défendu par Kohei Saito – un modèle d’égalité forte, d’État faible, d’autogestion et de coopération – n’est pas une utopie lointaine, mais une réponse concrète à la crise écologique et à l’impasse de la mégamachine oligarchique et thanatique. Ce projet rejoint l’appel de Catherine Colliot-Thélène : faire de la souveraineté populaire, trop longtemps réduite à un mythe fondateur, une réalité politique vivante.

1. Un horizon concret : fédérer les communes, sans peur
La transformation ne commence pas dans les sommets institutionnels, mais à l’échelle locale et fédérative. Le mouvement des « fearless cities » (villes sans peur) et le retour aux principes fondateurs du municipalisme (dèmes grecs, communes médiévales, conseils ouvriers, expériences zapatistes ou du Rojava) montrent qu’il est possible de sortir de la délégation représentative qui nourrit la mégamachine. Fédérer les communes, mutualiser les ressources, pratiquer l’autogestion : voilà la base d’une souveraineté populaire effective.

2. Le commun comme nouveau mode de production
Rompre avec la rationalité instrumentale de l’oligarchie suppose de faire du « commun » un mode de production à part entière. Cela signifie :

3. Démocratie délibérative : consensus ou dissensus ?
L’horizontalité radicale implique de repenser la délibération collective. Si le consensus est souvent recherché, il ne doit pas devenir une tyrannie douce : la démocratie vivante suppose aussi le dissensus, la pluralité des voix, la possibilité de la contestation permanente. Il faut donc inventer des formes de prise de décision qui conjuguent efficacité, inclusivité et respect des minorités.

4. Répondre aux critiques : la « tyrannie de l’assemblée générale »
La critique de la « tyrannie douce » des assemblées générales (Michael Albert) est sérieuse : l’horizontalité ne doit pas se transformer en conformisme ou en pression implicite. Des outils existent : rotation des mandats, tirage au sort, groupes de parole autonomes, facilitation, transparence des débats. L’enjeu est de garantir que la démocratie directe reste un espace de liberté, pas de domination informelle.

5. Prévenir l’écocide global : déclôturer les systèmes sociaux
Le commun comme mode de production permet de déclôturer les systèmes sociaux de la rationalité instrumentale et de la logique mortifère de la mégamachine. En replaçant la gestion des ressources sous contrôle collectif, en relocalisant la production et en donnant la priorité à la soutenabilité et à l’équité, la démocratie radicale horizontale devient un rempart contre le biocide global.

Conclusion
Faire de la souveraineté populaire une réalité, ce n’est pas revenir à un mythe, mais ouvrir la voie à une transformation profonde : fédérer les communes, instituer le commun, repenser la démocratie délibérative, et sortir de la mégamachine oligarchique. C’est ainsi que l’on pourra conjurer la menace thanatique et inventer une société vivable, égalitaire, écologique et vraiment démocratique.

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