La diversité est-elle un euphémisme ?
Le Syndeac, avec l’appui de l’agence Norme et du cabinet Clyde&Co, a étrenné sa journée de formation dédiée à la lutte contre les discriminations ethno-raciales. Une première du genre dans le spectacle vivant, symbole de l’engagement du Syndeac pour toutes les égalitéS.
Fort du succès d’une première “sensibilisation” menée l’an dernier à Avignon, le Syndeac a passé une étape importante en organisant une journée entière de formation à la lutte contre les discriminations ethno-raciales, à destination de ses adhérentes et adhérents.
Les deux intervenants – Laure Ekani (cabinet Clyde&Co) et Binkady-Emmanuel Hié (agence NORME) -, ont déroulé la journée en trois modules, chacun de deux heures :
module 1 : LES MOTS
Comprendre ce qui se cache derrière chaque mot, avoir l’éclairage nécessaire pour savoir avec quels mots on se sent le plus à l’aise, pour déterminer le mot qui convient le mieux dans une situation donnée : très interactif, ce premier module permet au groupe d’échanger des points de vue, de mieux se situer, et aux deux formateurs d’apporter du contexte. Quand est-ce que tel mot est apparu ? comment cette expression a-t-elle progressivement remplacé cette autre expression ?
Parmi les mots étudiés, le fameux “diversité” : galvaudé, utilisé à outrance dans tous les secteurs de la société, et même institutionnalisé (quel ministère ou quelle grande multinationale ne revendique pas s’ouvrir à “la diversité” ou la promouvoir ?), on ne sait plus à quoi “diversité” se réfère vraiment. Et quand on parle de personnes “issues de la diversité”, c’est l’embrouillamini généralisé… À l’appui d’exemples dans la presse ou de situations concrètes, les formateurs démontrent avec brio que l’immense majorité des utilisations du mot “diversité” s’effectue pour parler de diversité ethno-raciale, et rien d’autre. Parle de “diversité”, c’est donc, très souvent, euphémiser.
module 2 : les chiffres
Une fois que des mots peuvent être mis sur des maux, connaître la réalité des discriminations ethno-raciales passe notamment par une analyse objective… et chiffrée.
Le deuxième module entre alors en scène, avec un double but :
- tordre le cou à l’idée selon laquelle, au choix : “on ne peut pas compter” ou “les statistiques ethniques sont interdites en France” ou “on n’est pas comme les Américains” ;
- montrer que les statistiques ethno-raciales sont tout à fait possibles en France et, mieux, qu’elles existent déjà, dans un cadre juridique défini : ainsi, outre des institutions comme l’INSEE ou l’INED, l’État lui-même a déjà réalisé plusieurs études visant à connaître l’influence ou l’impact des origines ethno-raciales sur tel ou tel sujet.

module 3 : les règles
Last but not least, le module sur les règles permet aux formateurs de donner au groupe les connaissances et outils juridiques nécessaires à l’activation de leur responsabilité employeur. Savoir différencier l’agression de la micro-agression, l’insulte de la diffamation raciste ; reconnaître une discrimination raciale et connaître ses conséquences pénales : plusieurs cas pratiques donnent l’opportunité de s’interroger sur des situations concrètes, de s’interroger sur la bonne façon d’agir.
Les excellents retours des adhérentes et adhérents formés confirment à la fois la qualité de la journée mais aussi le réel besoin de formation sur ce sujet. De nouvelles sessions vont donc très bientôt être programmées et cette formation va s’installer dans la durée, à l’image des formations contre les violences et le harcèlement sexuel et sexiste.
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