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Radio : les audiences de NRJ, Skyrock et Fun radio en hausse au premier trimestre 2025

20 millions de personnes ont écouté les principales radios musicales entre janvier et mars 2025. Exception faite de France Musique, Radio Classique et FIP, l’audience globale des 11 radios musicales majeures (NRJ, Skyrock, Fun radio, RFM…) a progressé de 300 000 auditeurs entre janvier et mars par rapport à fin 2024, atteignant 17.2 millions de […]
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Société connectée, mais fragmentée : comment restaurer le sens du commun ?

Face à l’opacité des algorithmes et au risque d’un éclatement du commun, une alternative possible est d’apprendre à mieux comprendre ces systèmes. Vitaly Gariev/Unsplash, CC BY

À l’heure où Elon Musk privatise l’espace public numérique en imposant ses propres règles sur X, créant une confusion majeure entre liberté et impunité, la question du commun et celle de « faire société » deviennent plus aiguës que jamais. Le commun, que nous entendons ici comme la capacité de s’entendre sur des règles de vie collective, est à la base de tout projet démocratique. Mais il n’est pas un acquis, il ne se décrète pas : il s’organise de manière sensible.


La métamorphose numérique et le bouleversement des technologies avec les pratiques de communication (via Internet et les réseaux sociaux en ligne) qui lui sont inhérentes sont souvent présentées comme étant au cœur des transformations que nous vivons d’un point de vue existentiel. Dans certains cas même, la conjonction des mutations technologiques et du tout communicationnel affaiblit paradoxalement le commun. Elle favorise une multiplicité vertigineuse qui brouille toujours davantage les grandes orientations de sens, pourtant essentielle à notre cohésion collective.

Il convient donc, plus que jamais, de réfléchir à l’organisation et la distribution du pouvoir dans ce commun fragmenté, et au bout du compte, la possibilité de les comprendre pour y bâtir des stratégies collectives riches de sens. Cela, en sachant que la redéfinition des réseaux classiques de communication et d’information rebat les cartes de la hiérarchie de celles et ceux qui les dominent et qui y prennent la parole.

Dans un monde en réseau(x) où est le centre, où est la périphérie ? En quoi la possibilité donnée à chacun d’avoir une audience, et la probabilité paradoxalement réduite de se faire comprendre de tous, altèrent-elles la nature du pouvoir, et la nature des « élites » ? Comment faire exister une parole institutionnelle dans un univers média/technologique où elle n’a plus aucun monopole ? Comment le concept traditionnel de pouvoir s’articule-t-il avec la notion à la mode, mais ô combien polysémique, d’influence ? Quelles nouvelles règles pour le « marché des idées » et les manipulations cognitives en tous genres ?

Ces questions sont d’autant plus cruciales qu’aujourd’hui, les « experts » détenteurs de savoirs et donc de pouvoir(s) voient leur parole largement concurrencée par des influenceurs de tous ordres. Sur la toile, la hiérarchisation des compétences est profondément bousculée. L’horizontalisation des savoirs passant par des biais médiatiques (médias traditionnels ou réseaux sociaux) gagne en puissance.


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Il faut donc nous interroger sur les conséquences pour les disciplines scientifiques, pour l’avenir du monde académique et des chercheurs eux-mêmes. Comment gérer une telle fragmentation de l’accès aux connaissances alors même que la toile tend à créer une confusion des genres ? On y trouve sans doute plus d’arguments d’autorité que de vérités scientifiques, la sphère digitale étant créatrice de beaucoup d’indistinction.

Quelles alternatives aux algorithmes des plateformes?

Dans ce contexte toujours, que devient la culture de l’écrit, traditionnel attribut des élites et vecteur de pouvoir dans « l’ancien monde » ? Est-elle condamnée au déclassement, dans un monde internationalisé où règnent les images, poussées en avant par les algorithmes des plateformes ?

Assiste-t-on à l’avènement d’une sorte de technicisme froid, la machine et ses codes contraignant notre pensée et la formatant en imposant des normes éditoriales drastiques (la plateforme X, par exemple, limite les publications à 280 caractères), au risque de simplifier et de travestir le message de départ ? Jusqu’à quel point peut-on, en outre, laisser les algorithmes gérer la hiérarchisation d’une information, ceci au risque d’impacter les équilibres politiques eux-mêmes ?

Comme le décrit fort justement la philosophe Anne Alombert, tandis que le Web était fondé sur des liens hypertextes, permettant une navigation intentionnelle, les algorithmes de recommandations orientent les utilisateurs, comme si la « toile », sorte de rhizome, s’était transformée en silo. De telles réalités structurelles doivent très certainement aujourd’hui nous inciter à créer des politiques algorithmiques alternatives, plus ouvertes et contributives. Comme le souligne Anne Alombert :

« Ce passage de la recommandation automatique et privée (fondée sur les choix des entreprises et la quantification des vues) à la recommandation contributive et citoyenne (fondée sur les interprétations des citoyens et la qualité des contenus) est non seulement plus que souhaitable, mais tout à fait possible. »

L’enjeu sociétal est d’autant plus crucial que le vrai pouvoir semble avoir glissé du côté de celles et ceux qui contrôlent les infrastructures de diffusion – ce sont les entreprises propriétaires des réseaux sociaux qui décident de ce qui peut être visible ou pas, en privatisant ainsi les dynamiques de modération en fonction de leurs propres normes et valeurs –, mais aussi du côté de celles et ceux qui peuvent développer des outils pour les décrypter et les interpréter. À l’heure où les logiques de prédation des données sont exacerbées, une réinstauration d’un minimum de confiance et de transparence dans la conception des algorithmes se doit d’être engagée : en s’appuyant par exemple sur des initiatives qui visent à s’attaquer aux biais qu’ils peuvent véhiculer.

Comment évoluer avec plus de clairvoyance dans la société ?

Dans une telle perspective, une nouvelle production de savoir s’impose, plus collaborative et transdisciplinaire, renouant en ce sens avec une certaine expérience du commun. Un enjeu est aussi, d’un point de vue éthique, de rendre possible des conceptions plus vertueuses des technologies à l’heure où les systèmes d’IA tendent à fragiliser l’exercice même du libre-arbitre. Vis-à-vis de ces tendances, il nous faudrait apprendre à « visualiser les réseaux sans paniquer », en évitant de les laisser produire d’irréversibles effets de prolétarisation.

Face à l’opacité des algorithmes et au risque d’un éclatement du commun, une alternative possible est d’apprendre à mieux comprendre ces systèmes : décrypter leur logique (grâce à des initiatives comme AlgorithmWatch), réguler (avec des cadres comme le DSA) et explorer des alternatives (comme Mastodon ou Wikipédia). Ce travail de transparence et de conception collective permettrait de ne pas subir passivement les effets de ces architectures numériques, mais de les penser comme des espaces à réinvestir. Sans cet effort, nous restons à la merci d’un vertigineux tourbillon technologique.

Des outils de cartographie numérique, notamment, permettent d’aiguiser notre regard sur des phénomènes invisibles à l’œil nu. Des cartes et des flux de données personnelles peuvent mettre en lumière les circuits par lesquels nos informations sont collectées, revendues et exploitées par les grandes plateformes numériques. Des pratiques de data visualisation et de design graphique, en rendant visible et sensible l’invisible, peuvent alors contribuer à faire émerger une meilleure compréhension de nos environnements numériques. Par exemple, la cartographie des réseaux sociaux peut révéler des dynamiques souvent imperceptibles : des outils graphiques permettent d’identifier la formation de chambres d’écho, où certaines idées circulent en boucle sans contradiction, ou encore de repérer la structuration des réseaux d’influence et leur poids dans la diffusion de l’information.

Sans ces efforts de représentation, de design et d’interprétation de nos activités en ligne, il sera difficile d’évoluer avec clairvoyance dans nos sociétés des réseaux. Au-delà d’une certaine panique morale qui nous envahit, ce sont là des pistes pour développer une relation plus sereine avec nos technologies numériques en vue de rendre possible une meilleure compréhension des nouveaux milieux qu’elles façonnent.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses

Douze solos s'installent, le temps d'un festival, et pour deux à quatre représentations chacun, sur la scène des Gémeaux Parisiens. Certains ont déjà roulé leur bosse et nous ont charmés en Avignon, à Paris ou ailleurs… à voir ou revoir ! D'autres s'annoncent comme des créations pleines de promesses… À découvrir…
SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses
Le "seul en scène" s'apparente souvent à un exercice de haute voltige dans lequel le comédien se lance sans filet, tel un acrobate. Audacieuse, la performance n'en est que plus admirable. Le 4e mur se voit, de facto, aboli et la complicité avec le public, démultipliée. Ces seuls en scène nous offrent alors des interprétations magistrales que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Nathalie Lucas et Serge Paumier, les directeurs du tout nouveau théâtre des Gémeaux Parisiens, ont eu la belle idée de créer un festival du Seul(e) en Scène (SenS) dont la première édition, parrainée par le comédien et metteur en scène William Mesguich, se déroulera du 1er au 31 mai.

William Mesguich y présentera d'ailleurs son adaptation à succès du récit autobiographique de Sylvain Tesson, "Dans les forêts de Sibérie". L'écrivain-aventurier a alors choisi de s'isoler du monde et, dans une cabane au bord du lac Baïkal, par moins 30° C, expérimente une existence solitaire en lien avec la nature, faite de lenteur et de simplicité. Ses seules occupations consistent à pêcher pour se nourrir et à couper du bois pour se chauffer.

SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses
Entouré de ses livres, il s'adonne à un salutaire exercice d'introspection. Et c'est avec conviction que nous partageons la vie d'ermite du personnage et l'écoutons laisser libre cours à ses pensées, tant William Mesguich se montre sobre et sensible dans son jeu. Un très joli décor – une installation de rondins entrelacés de livres, éclairée par des lumières chaudes et délicates – vient parachever la beauté de ce spectacle. Mesguich père sera aussi de la partie et reprendra un grand classique de la littérature : "L'Arlésienne" d'Alphonse Daudet (1840-1897).

Côté classiques, la savoureuse Isabelle Andréani reprendra, quant à elle, son merveilleux solo "Un cœur simple", d'après un conte de Flaubert (1821-1880). Cette adaptation scénique, dans une mise en scène de Xavier Lemaire, lui vaut depuis quelques années un beau succès. La comédienne y interprète Félicité, une servante au grand cœur vivant dans la Normandie du XIXe siècle. C'est avec énergie, finesse et bonhomie qu'Isabelle Andréani incarne cette âme charitable. Autour d'elle coexiste toute une pléiade de personnages auxquels la comédienne elle-même donne vie : sa patronne, les enfants de celle-ci, un amoureux de jeunesse, le neveu Victor, le perroquet Loulou…

Une mise en scène au cordeau, simple et astucieuse, et un jeu inventif font de ce spectacle une véritable réussite. Isabelle Andréani présentera également une création, avant son exploitation cet été au Festival d'Avignon, "Madeleine Béjart, une femme libre", une fable écrite par Pierre-Olivier Scotto et mise en scène, là encore, par Xavier Lemaire. Gageons que la comédienne se montrera tout aussi exceptionnelle dans le rôle de la compagne de Molière.

Franck Desmedt, qui excelle dans l'art du "seul en scène littéraire", abandonnera son rôle de Joseph Kessel pour endosser de nouveau, le temps de deux représentations, celui d'un autre de ses grands succès : Romain Gary (1914-1980) dans "La Promesse de l'aube" (et avant d'incarner cet été, en Avignon, Saint-Exupéry). Cette "Promesse de l'aube" est un régal ! "Il n'est pas bon d'être tellement aimé si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais." Ce spectacle est à voir et revoir tant le comédien s'y montre juste, profond et sensible.

SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses
Dans un univers littéraire tout autre, mais tout aussi sublime, Agathe Quelquejay renouera avec la langue populaire haute en couleur du poète Jehan-Rictus (1867-1933) et son "seule" en scène "Rossignol à la langue pourrie". Il s'agit d'histoires issues du recueil "Le Cœur populaire". Dans une scénographie d'une belle épure, où de multiples bougies, du plus bel effet, confient au lieu une dimension quasi spirituelle, la comédienne incarne avec une vérité bouleversante des personnages du peuple (prostituée, enfant battu, petit malfrat…) et remet sur le devant de la scène les laissés-pour-compte de la société. Sublime !

Katia Ghanty reprendra également ses "Les frottements du cœur" tirés de son histoire personnelle. À 29 ans, suite à une grippe, la jeune comédienne se retrouve, le cœur très affaibli, entre la vie et la mort. Opérée d'urgence, puis raccordée à un appareil de circulation extracorporel, elle vit un enfer. Et c'est cet enfer, entre rechutes et surveillance, services de réanimation, cardiologie et soins intensifs, qu'elle nous raconte, avec sensibilité et humour.

Dans une scénographie épurée, avec, pour tout décor, trois grands rideaux blancs sur lesquels viennent jouer les lumières, elle interprète la malade et tous les personnages qui tourbillonnent autour de son lit d'hôpital. La pièce, merveilleusement interprétée, alterne les moments d'émotion, de poésie et de franche rigolade.

S'il est impossible de mentionner ici tous ces seuls(es) en scène, notez également "Cache Cache" avec Vanessa Aiffe-Ceccaldi, "Le livre oublié" (Jean-Pierre Bouvier), "La Fleur au fusil" (Lionel Cecilio), "Madame Marguerite", (Émilie Chevrillon) et "Zoom" (Pamela Ravassard).
Bon festival !
◙ Isabelle Fauvel

SenS, 1er festival parisien du seul(e) en scène
SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses
Théâtre des Gémeaux Parisiens, 15, rue du Retrait, Paris 20e.
Réservations : 01 87 44 61 11.
Courriel : contactgemeauxparisiens@gmail.com
>> theatredesgemeauxparisiens.com

"Cache Cache" de Vanessa Aiffe-Ceccaldi
Mise en scène : Régis Romele.
Samedi 24 mai à 20 h 15, vendredi 30 à 19 h et samedi 31 à 18 h 45.

"Un cœur simple" de Gustave Flaubert avec Isabelle Andréani.
Adaptation : Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 3 mai et dimanche 4 à 18 h 30, vendredi 9 à 20 h 45 et dimanche 11 à 19 h.

"Madeleine Béjart, une femme libre", une fable de Pierre Olivier Scotto avec Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 24 mai et jeudi 29 à 18 h 30, samedi 31 à 17 h.

"Le livre oublié" de Jean-Philippe Arrou-Vignod avec Jean-Pierre Bouvier.
Mise en scène : Jean-Pierre Bouvier.
Samedi 3 mai à 15 h, samedi 10 à 20 h 15, samedi 17 à 17 h et dimanche 18 à 16 h 45.

"La fleur au fusil" de et avec Lionel Cecilio.
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre.
Samedi 3 mai à 16 h 45, samedi 10 mai et 17 à 18 h 30, vendredi 23 à 19 h.

"Madame Marguerite" de Roberto Athayde avec Émilie Chevrillon.
Mise en scène : Michel Giès.
Vendredi 9 mai à 19 h, dimanche 18 à 15 h, vendredi 23 à 20 h 45 et jeudi 29 à 20 h 15.

"La promesse de l'aube" de Romain Gary avec Franck Desmedt.
Adaptation : Franck Desmedt.
Mise en scène : Stéphane Laporte.
Dimanche 11 mai à 15 h et dimanche 25 à 19 h 15.

"Les frottements du cœur" de et avec Katia Ghanty.
Mise en scène : Éric Bu.
Jeudi 1er mai à 18 h 45, vendredi 2 à 20 h 30, dimanche 11 à 17 h et samedi 17 à 15 h.

SenS, un festival de seuls en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens avec quelques très belles reprises et des créations fort prometteuses
"L'Arlésienne" d'Alphonse Daudet avec Daniel Mesguich.
Mise en scène : Daniel Mesguich.
Vendredi 2 mai à 19 h, samedi 10 à 16 h 45, dimanche 25 à 17 h 15 et vendredi 30 à 20 h 45.

"Dans les forêts de Sibérie" d'après le livre de Sylvain Tesson avec William Mesguich.
Adaptation : Charlotte Escamez.
Mise en scène : William Mesguich.
Jeudi 1er mai à 15 h, samedi 3 à 20 h 30, dimanche 18 à 18 h 30 et samedi 31 à 15 h.

Rossignol à la langue pourrie", textes de Jehan-Rictus (issus du recueil "Le cœur populaire") avec Agathe Quelquejay.
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau.
Jeudi 1er mai à 17 h, dimanche 4 à 16 h 45, samedi 10 à 15 h et samedi 17 à 20 h 15.

"Zoom" de Gilles Granouillet avec Pamela Ravassard.
Mise en scène : Pamela Ravassard.
Vendredi 16 mai à 19 h et dimanche 25 à 15 h.

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