Vue lecture

Bilbao Kung-Fu

Où est passée l’innocence ?

 

Si on peut légitimement s’interroger sur le nom de ce groupe en provenance de Bordeaux, le titre du disque, lui, est clair. Où est passée l’innocence ? évoque bien entendu la poursuite des rêves de jeunesse, ici déclinés et décortiqués chanson après chanson. Il reflète la vie de jeunes adultes connaissant leurs premières désillusions avec une ambition qui n’a rien de démesurée vu le talent mis en œuvre, dans un ensemble impressionnant de maîtrise. Capables de viser haut et de toucher juste, les deux premiers singles disponibles étaient prometteurs. L’état de grâce continue ici. Quatorze titres, pas moins, pas plus et pas une note de trop non plus sur cet opus à la fois nostalgique et réfléchi. Les thèmes tournent autour de la dépression, de l’amour (toujours), et les pistes sont assez bien produites pour que l’on n’identifie pas leurs auteurs à une énième formation sortie de nulle part. Le trio évite en fait la plupart des pièges qui guettent les musiciens lambda : il s’inspire de ses aînés sans servilité, et ne tombe pas dans l’écueil qui menace Mad Foxes et consorts. La musique de Bilbao Kung-Fu aime le mélange des genres, les superpositions, les cassures et les accélérations. Leur son déchire le voile de la banalité pour dessiner des lendemains diablement tangibles. Certes, on pourrait craindre un feu de paille, un pétard mouillé, un emballement coupable. On préfère attendre que leur recette maison éclabousse le plus grand nombre. Attention, il se passe quelque chose…

 

Arno Jaffré

 


 

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Philippe Katerine

Zénith de Paris, 30 avril 2025

 

Les photos du concert mémorable de Philippe Katerine au Zénith de Paris dans le cadre de la tournée Zouzoutour sont à retrouver dans la galerie ci-après.

 

Photos : David POULAIN

 

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Landmarks

Au sommet du metal français

 

Deuxième plus gros groupe metal français derrière Gojira les Marseillais de Landmarks viennent de sortir un superbe nouvel opus The Darkest Place I’ve ever been. Entretien avec Kevin, leur batteur.

 

 

Quatre ans après Lost in The Waves, Landmarks revient avec un nouvel album qui les impose définitivement comme le plus gros groupe de metal français derrière Gojira. C’est peut-être ce statut d’énorme groupe qui a fait que ce disque arrive plusieurs années après leur précédent opus : « Nous nous étions toujours calés sur un album tous les deux ans jusqu’à présent mais nous avons beaucoup tourné ces dernières années. On a travaillé énormément de chansons pour ce nouvel album. On a bossé comme des fous pour délivrer le meilleur disque possible. L’an dernier nous avons tourné avec un single, “Creature”, comme seul nouveau matériel ce qui est rare. Là on s’est dit on ne va pas pouvoir faire une nouvelle tournée européenne sans nouvel album. »

 

Landmarks, ce qui est peu courant dans le metal-core, a sorti avec ce disque un concept-album : « Nous n’avons pas pensé à l’avance que nous ferions un concept-album. On a exploré des sujets autour des émotions, des immersions mentales. C’est vrai que dans le metal-core il y a cette dimension emo. Cela peut parler de l’amour, de la tristesse. Flo notre chanteur, ne parle pas de manière auto-biographique pour que ça touche le plus grand nombre. Cela reste vague pour cette raison. »

 

On l’oublie trop souvent mais Marseille qui est bien sûr la ville du rap est aussi une grande ville metal qui a vu émerger des groupes comme Dagoba puis plus tard Landmarks ou Novelists : « J’ai commencé la batterie à 14 ans en écoutant Dagoba ou Babylon Pression. Il y avait plein de groupes dans notre ville notamment une belle scène hard-core. Novelists sont arrivés avant nous. Ils reviennent aujourd’hui en force ce qui fait plaisir. »

 

Si Landmarks est bien évidemment un groupe metal il ne rejette pas, loin de là, le rap et ce style imprègne d’ailleurs parfois sa musique : « Nous assumons ça de plus en plus. Peut-être que si nous n’étions pas marseillais on aurait moins cette influence. Tu ne peux pas ne pas connaitre IAM ou la Fonky Family quand tu viens d’ici. Notre chanteur fait du rap depuis qu’il a quatorze ans. Il a sorti plusieurs mix tape. Sur le début du deuxième morceau de l’album “Creature” on s’est dit qu’on allait faire un rap old school. Tous les membres de notre groupe aiment le rap. Nous avons à la fois cette culture et celle hard-core. »

 

Landmarks, et c’est tout à leur honneur est un groupe qui côtoie aujourd’hui les sommets, qui est invité sur France Inter ou RTL2 mais qui ne renie pas pour autant ses racines underground : « On a fêté nos dix ans récemment au Molotov à Marseille (salle mythique de la ville ndlr). On tenait à faire ça là. Plein de groupes auraient organisé cela dans la plus grande salle de la ville mais pour nous c’était important de jouer là où tout a commencé On va au Molotov pour voir des concerts. On habite dans le coin. A Paris parfois des gens nous reconnaissent. Cela n’arrive jamais à Marseille. SCH chez nous, il ne peut pas marcher dans la rue. Nous, personne ne nous arrête. »

 

Le groupe vit très bien cette célébrité et se permet même de prendre des risques en offrant avec ce disque un album somme toute assez dur : « On a été vers quelque chose de plus sombre avec cet opus. On y a mis nos influences death/metal, death/core. La pression on ne la ressent pas vraiment au niveau musical mais plutôt sur ce que Landmarks représente aujourd’hui. Nous faisons vivre des gens : des éditeurs, des techniciens… Les techniciens qui travaillent avec nous peuvent ne travailler que pour nous et nous n’aimerions pas qu’ils se retrouvent sans boulot. On a des fans qui nous disent que nous sommes leur groupe préféré. A ces différents niveaux c’est très dur de ne pas ressentir de pression. »

 

Landmarks de par leur statut a de plus ouvert des portes comme autrefois Gojira : « Il y a quatre ou cinq groupes metal-core à Marseille. Le genre a changé. Aujourd’hui les groupes ne sonnent plus comme du Killswitch Engage. C’est pour cela qu’on parle souvent de metal moderne. Ma définition du metal moderne est de mélanger plein de choses différentes et d’incorporer des éléments électroniques. Quand on tourne à l’étranger plein le public nous parle souvent de Gojira avec une réelle d’émotion. Quand tu vois que ce groupe a gagné un Grammy award et qu’il y avait des nominés comme Knocked Loose ou Spiritbox, des groupes avec lesquels nous avons tourné, ça donne bon espoir pour la suite. »

 

Texte : Pierre-Arnaud JONARD – Photo : Alexis FONTAINE

 

The Darkest Place I’ve Ever Been (Arising Empire)

 

 

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David Desclos

 

Après son one-man show Ecroué de Rire, l’ancien cambrioleur de banque spécialisé dans la neutralisation des alarmes David Desclos nous offre aujourd’hui son nouveau spectacle Hold up qui mélange humour, messages, rap et danse. Entretien avec l’ancien taulard devenu metteur en scène et acteur.

 

 

Ce spectacle, Hold up, est inspiré de ton one-man show Écroué de Rire ?

Tout à fait. Dans Écroué de Rire j’étais seul sur scène. Là, il y a un spectacle avec des danseurs, des rappeurs. J’en ai fait un spectacle musical. Écroué de Rire était adapté de mon livre David Desclos, une histoire vraie mais j’y avais mis aussi d’autres choses qui n’étaient pas dans celui-ci. Les gens veulent aujourd’hui que cela devienne une saga.

 

Tu avais écrit Écroué de Rire avec Stomy Bugsy. Tu as une nouvelle fois écrit ce nouveau spectacle avec lui.

Il avait peaufiné l’écriture d’Écroué de Rire avec moi et l’avais mis en scène. Le ministère de la Justice et l’éducation nationale ont acheté le spectacle. Nous avons joué dans toutes les prisons de France. On tourne d’ailleurs encore avec le spectacle dans les écoles et dans les prisons.

 

Tu L’avais écriten prison ? 

Oui. La lecture m’a beaucoup aidé là-bas. Au début je ne lisais que des livres de gangsters puis j’ai lu plein de classiques. Je dévorais les livres. Puis je me suis à l’écriture. Je n’étais pas bon à l’école et je n’aurais pas imaginé écrire un jour. »

 

Le message est important. Est-ce celui de la possibilité de se réinsérer après avoir été en prison ? 

Il faut désacraliser cette dernière. J’ai écrit ces spectacles pour faire passer des messages. Il y a notamment celui de suivre le droit chemin. J’avais envie de faire passer ces messages à travers l’humour. J’ai envie d’être comme un tendeur de perches pour les jeunes. Quand j’ai eu l’idée de ces spectacles j’étais utopiste. Je me suis rendu compte ensuite que je n’étais pas dans la bonne période. Nous sommes dans un moment de répression. Il y a eu des périodes où on était pour la réinsertion. Aujourd’hui on est dans une phase très dure. Il faut lutter pour la prévention.

 

Souvent on glorifie la prison ou au contraire il y a cette mentalité « bien fait pour eux ».

Tout à fait. Et les deux ne font que des malheureux. Quand tu vas en prison à 20 ans tu es mort psychologiquement et socialement.

 

Ton travail est en fait celui d’un éducateur ?

C’est ce que Stomy me dit. Les gens trouvent que ce spectacle est d’utilité sociale et publique. Aujourd’hui on est dans un discours de réouverture des prisons donc malheureusement mon message a du mal à passer. C’est comme ça depuis des siècles. Un vieux bagnard m’a dit un jour « À qui profite le crime ? » Dans les QHS, les prisonniers bossaient comme des malades pour une paie minable. Aujourd’hui on parle de prisons privées.

 

C’est pour cela que les gros médias t’invitent peu ? 

Je pense. Si on m’avait revu en train de faire un braquage à la sortie d’une banque là on parlerait de moi.

 

Malgré tout tu as quand même eu un livre publié par une grosse maison d’édition : Flammarion. 

Oui parce que j’ai fait une belle rencontre. Il y a eu des gros médias qui voulaient parler de moi. On avait fait un événement à la maison d’arrêt de Fresnes : théâtre, spectacle. Il y avait à la fin des choses ludique avec des kartings, une piscine. C’est la seule chose que BFM a retenu. La chaine m’appelle et je leur raconte tout ce qui a été fait. Je leur dis que je peux venir sur leur plateau expliquer les choses. On me dit OK puis c’est annulé au dernier moment. Ce genre de choses fait que tu rêves moins.

 

Il y a beaucoup de rappeurs dans ton spectacle. Est-ce parce qu’on en écoute en prison ?

Non. C’est d’abord parce que j’adore Stomy. En plus j’écoute beaucoup de rap. Il y a de supers messages dans ce genre musical. Je pense notamment à l’album L’Homicide Volontaire d’Assassin. Les rappeurs jouent leurs morceaux à l’intérieur du spectacle. Je pense que ça peut faire venir des jeunes au théâtre. L’éducation, la culture c’est important.

 

Il y a la vieille génération rap : Passi, Stomy et la jeune avec Uzi ou Da Uzi. Pourquoi ? 

Pour que ce soit un spectacle qui accroche autant les parents que leurs enfants.

 

En dehors de la scène rap on trouve aussi Cali. Comment cela s’est-il fait ?

J’ai toujours kiffé Cali. Je voulais apporter quelque chose qui soit en dehors du rap.

 

Le 21 mai sera la première ? 

On a déjà fait quelques représentations mais c’était du rodage. On l’a joué notamment au grand théâtre de Nevers. On a rebossé dessus depuis huit mois. On a intégré d’autres danseurs.

 

La prison a été une expérience hyper dure pour toi ?

Bien sûr. C’est surtout dur par rapport à la famille. Il y a des moments au mitard, au cachot où tu ne vois pas le temps passer. Des mecs se suicident à côté : c’est violent. Moi je ne prenais pas de cachetons, ne me droguais pas. Ca aide. Je raconte ça avec dérision mais c’est dur. Je pourrais faire pleurer dans les chaumières mais je ne me plains pas. Je m’en suis sorti mais quand je vois des gamins être condamnés à 18 mois de prison et être encore enfermés cinq ans plus tard car ils se sont fait prendre avec un portable ça m’énerve. Je me sens comme un survivant de tout cet univers.

 

Vous jouerez le spectacle en province ensuite ?

On a très envie. On va faire venir des investisseurs. On espère qu’ils vont croire au spectacle, à la réinsertion.

 

C’est un vrai bonheur j’imagine que de jouer au théâtre du Gymnase ? 

C’est énorme. Jouer dans ce lieu où ont joué Coluche, Le Luron c’est génial.

 

Entrevue : Pierre-Arnaud JONARD

 

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