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Soir de Première avec Vincent Winterhalter

Vincent Winterhalter

Photo Marie-Hélène Roux

Avec plus d’une cinquantaine de pièces à son actif, Vincent Winterhalter a joué dans de grosses productions du théâtre public sous la direction de Georges Lavaudant, Jacques Nichet, Jorge Lavelli, Gildas Bourdet, Hélène Vincent, Patrick Pineau, Jacques Vincey, Didier Bezace, Stuart Seide et Macha Makeïeff. En 2022, Olivier Brunhes le met en scène dans Tout l’univers. Il sera, à partir du lundi 12 mai, face à Serge Hazanavicius dans Wonnangatta d’Angus Cerini, la nouvelle création de Jacques Vincey présentée aux Plateaux Sauvages, à Paris.

Avez-vous le trac les soirs de première ?

Le trac, ce n’est pas clair pour moi… La première est une représentation unique, très particulière, parce que c’est un rendez-vous de longue date. Après, il y a la suite de l’exploitation, mais le projet se cristallise autour de ce jour-là. C’est le premier rendez-vous, le jour de livraison. C’est très émouvant. Comme me l’a dit l’un de mes fils, à 6 ans : « Le trac, c’est quand on se dit que ça va bien se passer ». J’aime bien cette idée du doute.

Comment passez-vous votre journée avant une première ?

Cela pourrait ressembler à la journée d’anniversaire d’un gamin qui sait que la fête est organisée le soir : attente, fébrilité, excitation.

Avez-vous des habitudes ou superstitions avant d’entrer en scène ?

Pas spécialement. Chaque aventure vient avec son lot de nouveaux rendez-vous ou nouvelles habitudes. Cependant, j’aime arriver assez tard, mais suffisamment tôt pour prendre le temps d’un café et d’une cigarette dans un bar proche du théâtre, histoire de casser la journée et de saluer ensuite tous mes camarades, avant de mettre mes habits de lumière.

Première fois où vous vous êtes dit : « Je veux faire ce métier » ?

Je suis fils d’acteur, un enfant de la balle, comme on dit. L’idée de faire ce métier n’était donc pas révolutionnaire. La question a été de m’assurer qu’elle était mienne et pas le fruit d’un héritage. J’ai eu la confirmation que j’étais sur mon chemin la première fois que j’ai passé une scène devant quelqu’un.

Premier bide ?

Un spectacle d’improvisation, à 22 ans. Nous étions plusieurs, mais il y avait un moment où j’étais seul en scène et devais inventer une aventure… Mon histoire était mal engagée. Têtu, j’ai décidé de continuer jusqu’à ce que ça prenne. Ça a été long, ça n’a jamais pris. Grand moment de solitude.

Première ovation ?

Dans Ondine de Giraudoux, mis en scène par François Rancillac au Théâtre du Peuple de Bussang, puis à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet, à Paris. Je jouais le chevalier, le rôle créé par Louis Jouvet, justement. Je rentrais sur le plateau à cheval. Un rêve de gamin. « Le cheval, comme chacun sait, est la part la plus importante du chevalier ».

Premier fou rire ?

Je suis malheureusement (parce qu’ils me terrorisent) assez sujet aux fous rires. Me vient le souvenir de Polyeucte, où je jouais le rôle-titre. Jacques Charby, qui incarnait le gouverneur romain en Arménie, devait dire à sa fille Pauline : « …que ton songe / En d’étranges frayeurs ainsi que toi me plonge ! » ; et ça a donné : « …que ton songe / ainsi que toi me plonge ». Enfer !

Premières larmes en tant que spectateur ?

De belles larmes lors du premier concert de piano de mes enfants.

Première mise à nu ?

Je crois que c’était au moment de la première récitation d’un poème ou d’une fable à l’école primaire.

Première fois sur scène avec une idole ?

J’ai tendance à idolâtrer mes camarades de jeu, alors c’est tous les soirs de représentation.

Première interview ?

C’est une bonne question. Il eût fallu la poser à feu ma grand-mère qui s’intéressait plus à mon parcours que moi.

Premier coup de cœur ?

Elle s’appelait Sandra, et j’avais 6 ans. Autrement, peut-être Le Mahabharata, mis en scène par Peter Brook aux Bouffes du Nord, dans un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

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