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Technopol Mix 104 | Dju:n

DJ explosive aux sets intenses et imprévisibles, Dju:n agite les terres du Grand Ouest depuis 2019, en naviguant habilement entre techno, breakbeat et bass music. Son style de mix, percutant, vif et diablement efficace, joue sur les contrastes entre rythmiques 4/4 et phases breakées inattendus, pour maintenir son public en alerte permanente. Figure incontournable de la scène locale grâce à son engagement au sein de l’association de concerts WestSound et de son label et agence de booking Purple Universe, Dju:n se distingue aussi par une curiosité musicale insatiable. Pour Technopol, elle signe un set percussif aux sonorités latines, avec une une sélection pointue, entre artistes émergent·es et propres productions.

 

Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?

J’ai la chance de vivre à Brest, ville du Festival Astropolis. Grâce à lui, et à l’engouement qu’il a suscité pour les musiques électroniques, une vingtaine de collectifs ont émergé à partir de 2013 ! On ne manque pas d’événements. Ma première soirée techno remonte à cette époque : c’était un Astropolis Hiver où j’ai vu Bambounou, French Fries et Wankelmut. Une vraie claque. Après ça, j’ai passé des heures à digguer pour me familiariser un peu plus avec cette musique. Peu après, je suis rentrée dans le collectif WestSound, où je me suis découvert une passion pour l’organisation de soirées. Plus tard, en 2019, j’étais frustrée de ne pas comprendre la partie technique alors les gars de mon asso m’ont appris à mixer. Et je me suis dit : pourquoi pas moi ? Depuis mon adolescence, la musique électronique fait partie intégrante de ma vie. Elle m’a aidé à savoir ce que je voulais faire : partager la musique, que ce soit en organisant des événements ou en mixant. Elle m’a aussi portée dans des moments plus sombres, et aujourd’hui j’espère, à mon tour, pouvoir offrir cette échappatoire à d’autres.

 

Quelle est l’histoire derrière ton nom d’artiste ?

Au début, je voulais m’appeler June mais je trouvais ça trop simple. Alors je l’ai tenté en phonétique et ça donnait dʒuːn. Mais c’était vraiment pas pratique à écrire pour les orga et les graphistes. Finalement, je l’ai stylisé en Dju:n, en gardant l’idée de départ. Et ça tombe bien : ça sonne comme “DJ”, ce sont les initiales de mon nom et prénom, et je suis née en juin. Tout s’est aligné naturellement !

 

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

J’ai construit un set assez orienté Bass Music, teinté de sonorités latines et de beaucoup de percussions. J’avais envie de mettre en avant des artistes que j’aime particulièrement, comme Cardozo, QAHÖG ou Girl Tool. J’ouvre avec un morceau d’Antilogic, récemment sorti sur mon label, et qui fait toujours son petit effet. J’ai aussi glissé deux de mes propres productions, dont une en collaboration avec KSU, qui sortiront très bientôt.

 

 

Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?

On a bien avancé ces dernières années sur des sujets comme l’inclusivité ou la mixité, mais le travail est loin d’être terminé. Il faut continuer à s’éduquer, à éduquer les autres, et garder ces valeurs en tête à chaque set, chaque événement. J’aimerais aussi qu’on donne plus de visibilité aux artistes émergent·es. Il ne faut pas se contenter des réseaux sociaux, il faut aller chercher, creuser, écouter. Le rôle d’un·e organisateur·ice, c’est aussi ça : faire découvrir les talents de demain. Côté public, il faut oser faire confiance aux line-ups moins « bankables ». Aujourd’hui, les headliners prennent toute la place et deviennent l’unique référence. Avant le Covid, avec WestSound, on pouvait programmer des artistes moins connus, les gens venaient sans poser de questions. Aujourd’hui, c’est plus compliqué. Il est essentiel de soutenir les petits collectifs, ceux qui maintiennent la scène locale vivante. En résumé : évoluons ensemble, dans le respect, la solidarité et la conscience que la scène techno est bien plus qu’un simple dancefloor. C’est un espace politique, porteur de valeurs. Alors prenez soin de vous, et des autres !

 

Plutôt peak time ou closing ? Pourquoi ?

En ce moment, je penche pour le peak time. J’avoue ressentir une certaine frustration sur les closings : à la dernière track, les lumières s’allument, le public s’éparpille, les orgas commencent à ranger… L’adrénaline redescend d’un coup. Cela dit, j’adore aussi l’intensité particulière de la toute dernière track, ce moment suspendu. Mais globalement, le pic de la soirée me correspond mieux aujourd’hui.

 

Quels sont tes projets à venir ?

Je me suis beaucoup consacrée à la production en ce début d’année. Trois morceaux vont sortir prochainement : une track sur le label Cane Corso, une collaboration avec KSU chez Dürüm Records, et une autre sur Les Chiennes de l’Hexagone. Quelques belles dates qui se profilent aussi dont le Petit Bain en mai, le Dox’Art en juin et Ohm Town en juillet ! Je continue aussi à développer Purple Records, que ce soit le volet label, agence ou événementiel. Il y a plein de projets en cours… et j’ai hâte de les partager !

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PREMIERE | Matilda – Grems Attack [Adopt Bae]

Le jeune label Adopt BAE déclare sa flamme à la trance avec leur toute première sortie « Relation Sérieuse ». Un VA intense et sans compromis, pensé pour le club comme pour les raves, qui explore les différentes nuances du genre à travers 13 morceaux originaux. Entre nappes hypnotiques et bangers sans détour, le projet mêle énergie, émotion et passion, porté par une variété d’artistes tels que Grand V, Britney Speed, ou encore le duo Valise. C’est aujourd’hui le titre « Germs Attack » de la DJ et productrice Matilda que l’on vous dévoile en exclu sur Technopol. Une track à la fois mélodique et percussive, née d’un moment intime et puissant de sa vie, véritable hommage à l’amour mère/fils. Rencontre avec l’artiste et les membres du label.

 

Dans quel contexte le label Adopt Bae est-il né ?

Adopt Bae, c’est le bébé de deux collectifs qui partagent le même ADN : BAE Party et Adopte Une Track porté par l’envie d’aller plus loin dans le soutien à la scène trance qu’on défend depuis plus de trois ans.

Après plusieurs années à défendre une trance inclusive et hybride à travers nos événements, on a souhaité prolonger cette aventure au-delà du club. Créer un label était une suite logique : un outil pour faire rayonner nos idées, soutenir les artistes qu’on aime, et proposer une vision musicale cohérente, sans compromis.

Le timing était idéal : la trance revient sur le devant de la scène, mais souvent à travers des formats ou des codes figés. Avec Adopt Bae, on veut montrer une trance qui donne envie de danser, de pleurer, de rigoler et parfois tout ça en même temps.

 

Qui est derrière le projet ?

Une team de passionné·e·s : DJ, producteur·rice·s, teufeur·euse·s, orga, graphistes… certain·e·s dans la scène depuis longtemps, d’autres qui arrivent avec des idées toutes fraîches. On fonctionne en horizontalité, tout le monde met la main à la pâte, et on se donne à fond pour que les artistes aient un cadre safe, fun et mettant en avant leur musique.

 

La première release du label est le VA “Relation Sérieuse”, une compile 100% trance. Qu’est-ce qui vous a motivé ?

Franchement ? On voulait commencer avec un projet qui nous ressemble à fond. “Relation Sérieuse”, c’est un gros câlin sonore, une manière de dire : « voilà la trance qu’on aime et qu’on veut pousser ». Ce VA est à la fois une vitrine de notre ligne artistique. Une trance qui ne craint ni l’émotion, ni la radicalité joyeuse  et un moyen de mettre en lumière les artistes qui nous inspirent, qu’iels soient confirmé·e·s ou en pleine émergence. Ce VA, c’est notre petit manifeste à nous.

 

Comment vous décririez la direction artistique du projet ? Et la sélection des artistes ?

Notre DA, c’est une trance libre. On adore autant les morceaux qui font lever les bras que ceux qui te font rentrer dans un petit tunnel. On cherche ce truc qui touche, qui reste, qui surprend. Pour la compile, on voulait une vraie diversité de profils : artistes locaux·ales, femmes, hommes, DJ déjà repéré·e·s ou encore dans l’ombre… Ce qui compte, c’est la vibe.. Chaque track a été choisi·e avec soin. On voulait qu’aucun moment ne soit là juste pour remplir et ça s’entend.

 

Pour Matilda, on sort aujourd’hui ta track “Grems Attack”. Tu peux nous en dire un mot ?

⁠J’ai créé ce morceau quand j’étais enceinte de mon fils Roméo. J’étais dans un état hyper particulier, très connecté à mes émotions, et je pense que ça se sent dans la track. ⁠Il y a deux mélodies qui se répondent. Avec du recul, j’ai l’impression qu’il y a une voix de mère et une voix d’enfant, comme un dialogue un peu surréaliste entre moi et mon fils. Roméo est parti quelques jours après sa naissance. Ce morceau est devenu un hommage, un souvenir. Je suis heureuse qu’il puisse exister et être partagé aujourd’hui. Merci à Adopt Bae d’avoir permis à cette musique (et à cette mémoire) de vivre <3.

 

 

Comment la collab avec Matilda s’est faite ?

Matilda, c’est quelqu’un·e qu’on suit depuis longtemps et qu’on avait déjà booké·e en soirée. On adore sa vision, son esthétique très personnelle. Quand elle nous a envoyé “Grems Attack”, ça a été un grand OUI instantané. On l’a aussi accompagnée sur la sortie, avec des conseils, du soutien, des échanges  parce qu’on croit à une vision humaine et solidaire de la musique.

 

Et pour la suite ?

La suite arrive vite ! On prépare d’autres sorties — des EP, des nouvelles compiles, peut-être des formats chelous aussi (on adore ça). On veut que le label reste un espace où les artistes peuvent proposer des choses sincères, audacieuses, pas formatées. Et bien sûr, on fête tout ça en club ! Prochaine étape : la release party “Relation Sérieuse” à La Java le 23 mai, avec Papa Nugs, Matilda, S7RENS, Valise… et toute l’énergie adoptbae : de la trance bouncy, de la joie, de la sueur et de l’amour.

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