Vue normale

Reçu hier — 15 mai 2025

 Figuration libre et street art exposés au Comœdia

15 mai 2025 à 18:37

Miss Tic La Solitude est la rançon de la lucodité

Comment vous est venue l’envie de monter cette exposition ?
Adeline de Monpezat. Cette exposition me trottait dans la tête depuis un moment. Je suis de la génération des années 80, ce sont des mouvements artistiques que j’ai connus dans mon enfance et mon adolescence, C’était l’époque où des artistes investissaient la rue, certains proposaient dans des boutiques des choses pas chères que tout le monde pouvait acheter, des tee-shirts, des mugs, des autocollants, ce qui était fait en même temps par Keith Haring à New York.

C’était une façon de mettre l’art à la portée du plus grand nombre ?
A. de M. C’était la volonté d’exercer son art dans la rue, mais aussi parce que ces artistes n’avaient pas de place en galerie. Speedy Graphito dit qu’à ses débuts quand il peignait ses fresques il y inscrivait son numéro de téléphone. On peut penser que le street art ne doit pas rester dans la rue, mais ce sont des questions qu’ils ne se posaient et ne se posent pas. Ils avaient toutes et tous avant tout une envie de peindre frénétique, joyeuse. D’aller à l’encontre de l’art conceptuel des années 70, de faire de l’art populaire. Richard Di rosa disait « Faire de l’art vrai, juste, juste pour les gens, pour les peuples. »

Catherine Viollet, Affiche Blancs Manteaux 1981

À se retrouver dans la rue, ces artistes formaient ils une sorte de famille ?
A. de M. Ils se connaissaient tous et se rencontraient aux mêmes endroits. Ce sont des artistes urbains aux pratiques différentes. A ce moment-là les termes Street Art et Figuration Libre n’existaient pas encore. C’est Ben qui a donné ce nom de Figuration Libre.
Aujourd’hui ces artistes continuent à s’exprimer en extérieur, soit rémunérés par des villes, répondant à des commandes, soit en intervention sauvage mais permise. Et ils sont aussi en galerie. C’est l’un et l’autre.

Vous avez employé le mot « joyeux » pour qualifier leurs oeuvres et c’est bien ce que l’on ressent dans cette exposition.
A. de M. Oui il y avait dès le début une grande effervescence, une foi en de nouvelles technologies. Tous les domaines explosaient, le design avec Philippe Starck ou En Attendant les Barbares. Les créateurs de mode, Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler ou Claude Montana, le prêt à porter avec Fiorucci. Les créatifs dans la publicité, Jean-Paul Goude ou la marque Benetton. Les budgets de la Culture étaient importants. Hervé Di Rosa disait que « Les années 80, c’est la liberté d’inventer sans demander la permission » .

Epsylon Point, Face-à-face pochoirs et bombe aérosol

Comment avez-vous choisi les œuvres ?
A. de M.
 La préparation ne s’est pas du tout faite dans la douleur, comme son thème, elle était jubilatoire. Il ya donc vingt artistes et près de 150 œuvres peintures, estampes, sculptures. Ce sont tous des grands noms de l’art contemporain aujourd’hui. Se côtoient des œuvres historiques comme celles de Catherine Violet ou Hervé Di Rosa de 1989, des pièces marquantes de l’histoire de l’art, et des oeuvres plus récentes qui ont toujours l’énergie des années 80. On retrouve Miss Tic qui nous a toujours soutenus dès l’ouverture de la galerie en 2019. En 2020 à la première d’Art Urbain elle nous avait fait confiance.

Hervé Di Rosa Deux couples en vacances

Vous proposez toujours des événements en lien avec l’exposition. Avec une nouveauté cette fois ci ?
A. de M. Il y a des visites guidées et des conférences, avec Paul Bloas, Jean-Paul Thaéron, Catherine Viollet. Et aussi des visites en anglais avec Anna notre assistante qui est américaine. Et le 19 juin on va inaugurer « L’Art du Goût » en collaboration avec la brasserie Arvarus de Ploumoguer. Les participants pourront déguster des mets et des breuvages choisis en lien avec des oeuvres*. Une ouverture à l’art culinaire et pictural.

Vous avez toujours fait en sorte de proposer des oeuvres accessibles financièrement ?
A.
de M. Oui on aime la diversité des artistes, des techniques, et aussi des prix. On peut acquérir des œuvres numérotées à 40 euros, des pièces originales signées à 69 euros. Depuis janvier nous avons décidé de fixer le prix de l’entrée à 5 euros et d’offrir un petit livret de huit pages. Une entrée remboursée si vous décidez de repartir avec une œuvre. Une façon de se positionner dans un schéma atypique de galerie et de lieu de vente d’œuvres d’art.

Propos recueillis par Bernadette BOURVON

Toutes les infos et rendez-vous sur le site artcomoedia.fr
* Inscription sur le site, tarif 20 euros

L’article  Figuration libre et street art exposés au Comœdia est apparu en premier sur Bretagne Actuelle | Magazine culturel Breton en ligne.

❌